Violences après France-Maroc : « Je n’y croyais pas »… La procédure contre sept proches de l’ultradroite annulée
Procès Le tribunal de Paris a annulé pour « irrégularités » toute la procédure visant sept proches de l’ultradroite, lesquels comparaissaient pour « participation à un groupement en vue de commettre des violences » après le match France-Maroc
- Sept jeunes hommes, nés entre 1998 et 2002, accusés de s’être réunis en décembre après la demi-finale de Coupe du monde France-Maroc pour commettre des violences, étaient jugés ce vendredi à Paris.
- Le tribunal de Paris a annulé pour « irrégularités » toute la procédure visant les sept prévenus, tous proches de l’ultradroite.
- Les juges ont notamment estimé que les arrestations des prévenus dans un bar du 17e arrondissement de Paris, le 14 décembre 2022, le soir du match France-Maroc, n’étaient pas dans le périmètre d’action assigné aux policiers ce soir-là. Ils les ont donc annulées, comme les procès-verbaux dressés à l’occasion.
Au tribunal judiciaire de Paris,
Posté au fond de la salle, l’un des policiers qui assure la sécurité durant l’audience ose ce pronostic. « Ça va durer longtemps ! » Le procès de sept jeunes hommes, qui comparaissent pour « participation à un groupement en vue de commettre des violences » après la demi-finale de Coupe du monde France-Maroc, a commencé il y a plus d’une heure. Et les juges de la 14e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris ne sont toujours pas entrés dans le vif du sujet. A la barre, les avocats de ces sept garçons à la carrure imposante, à l’allure proprette, tous proches de l’ultradroite, soulèvent tout un tas de nullités de procédure.
Parmi les prévenus, Marc de Cacqueray-Valmenier, un ancien étudiant en école de commerce, issu d’une longue lignée d’aristocrates, devenu avec le temps l’une des figures de l’extrême droite radicale. Sweat noir, jean bleu, coupe militaire, fine barbe, le jeune homme est considéré comme l’ancien leader du groupuscule « les Zouaves », dissous en janvier 2022. Il a déjà été condamné et incarcéré ces dernières années et est actuellement mis en examen et placé sous contrôle judiciaire dans une autre affaire instruite à Bobigny.
Lui et ses co-prévenus font partie d’un groupe d’une quarantaine de personnes, arrêtées le 14 décembre 2022 dans le 17e arrondissement de Paris, en marge du match. Certains détenaient des matraques et des bombes lacrymogènes.
Des preuves perdues
A l’époque, les policiers les soupçonnent de vouloir rejoindre les Champs-Élysées pour affronter des supporters du Maroc. Parmi les personnes interpellées, 31 ont bénéficié d’un classement sans suite ou d’alternatives aux poursuites. Seules sept d’entre elles ont été renvoyées, à l’issue de leur garde à vue, devant le tribunal afin d’être jugées en comparution immédiate : des intérimaires, des étudiants en droit ou en commerce, un agent immobilier vivant dans le 16e arrondissement ou un employé polyvalent de Lidl, qui dit avoir quitté l’armée par « désaccord ». Leur procès a ensuite été renvoyé deux fois. Leur avenir judiciaire doit donc se jouer ce vendredi.
Mais pour les défenseurs des prévenus, leurs interpellations étaient « illégales », comme le tonne Me Georges Sauveur, qui représente deux d’entre eux, âgés de 22 et 24 ans. Selon des procès-verbaux, un sac appartenant à l’un des prévenus aurait ainsi contenu des matraques. Mais ce sac a été « perdu » au cours de la procédure. En outre, les policiers ont motivé les contrôles qui ont conduit à leur arrestation par une réquisition de la procureure de la République de Paris. Or, ces contrôles ont été réalisés dans une zone non couverte par les réquisitions de la magistrate. « S’il n’y a pas de début de procédure, il n’y a pas de procédure », souligne Me Cyril Dutheil de la Rochers, l’un des avocats de Marc de Cacqueray-Valmenier.
Stupeur dans la salle
Avant d’annoncer sa décision, le tribunal s’était retiré pendant plus d’une heure pour délibérer des questions de nullité soulevées par les avocats de la défense. A leur retour, la présidente Nathalie Marlet annonce que toute la procédure est annulée. Après un instant de stupeur, les sept jeunes gens se sont pris dans les bras et congratulés. « Je n’y croyais pas », lance l’un d’eux.
Les prévenus sont libres et ne seront pas jugés. Il est 17 heures, l’audience est terminée. Le policier a perdu son pari. Mais il a gagné le droit de regarder France - Nouvelle-Zélande.