Montpellier : Condamné à un an de prison pour violences conjugales, Mohamed Haouas « regrette »

Procès Le joueur du MHR, qui a déjà comparu deux fois devant le tribunal correctionnel, était de retour à la barre, ce mardi, accusé d’avoir frappé sa compagne

Nicolas Bonzom
— 
Montpellier : Mohamed Houas condamné à 1 an de prison pour violences conjugales — 20 Minutes
  • Mohamed Haouas était jugé en comparution immédiate pour « violences conjugales », ce mardi, devant le tribunal correctionnel de Montpellier.
  • Il a été condamné ce mardi à un an de prison, sans mandat de dépôt. Deux ans de prison, dont un an avec sursis, avaient été requis à son encontre.
  • Le pilier du XV de France, qui a déjà comparu deux fois devant cette juridiction, était de retour à la barre, ce mardi, accusé d’avoir frappé sa compagne.

A Montpellier,

La dernière fois qu’il s’est assis sur le banc des prévenus, le 12 mai dernier, à Montpellier (Hérault), Mohamed Houas avait promis de « ne plus jamais revenir au tribunal » correctionnel. Et pourtant, c’est bien à cette même juridiction que le pilier du XV de France a fait face, ce mardi. Mais, cette fois, ce ne sont pas des « erreurs de jeunesse », une rixe ou des cambriolages, qui l’ont mené à la barre. Cette fois-ci, le joueur du MHR, dont le casier judiciaire comporte déjà six mentions, comparaissait pour des violences conjugales.

Mohamed Haouas, qui dort en détention provisoire depuis dimanche, était poursuivi pour avoir frappé sa compagne, vendredi soir, à Montpellier. Il a été condamné, ce mardi après-midi, à un an de prison. Il ne retournera pas, toutefois, en cellule : la peine, prononcée sans mandat de dépôt, est aménageable. La procureure de la République avait requis, à son encontre, deux ans d’emprisonnement, dont un an assorti d’un sursis.

Le joueur a surpris sa femme « une cigarette à la main »

Les policiers ont interpellé le pilier du XV de France vendredi soir. Son épouse était à ses côtés, choquée, en pleurs. « Tremblante de peur », dit le dossier, épluché devant le tribunal correctionnel, ce vendredi. Quelques minutes plus tôt, c’est devant des témoins, au Polygone, que Mohamed Haouas l’a frappée. La cause semble futile : le joueur l’a surprise une cigarette à la main, devant ce centre commercial du centre-ville de la préfecture héraultaise, où elle travaille, depuis peu. Il ne savait pas qu’elle fumait.

Le joueur s’est avancé vers elle, puis l’a rattrapée, alors qu’elle fuyait. C’est là, dans ce centre commercial, que le Montpelliérain l’a mise au sol, en lui assénant un croche-patte. « Ce n’était pas une grosse balayette, a répondu le joueur, questionné devant le tribunal devant ce geste de violences. Sinon, je lui aurais fait très mal. » Puis il l’a giflée. Avant de l’emmener, en la tenant fermement par le poignet, puis par la main, jusqu’au parking Foch, à 800 mètres de là, où sa voiture était garée. Des marques, au niveau du poignet de la jeune femme, le prouvent. Il voulait, a-t-il expliqué, la ramener chez ses parents.

« C’est la première fois qu’il y a des violences, a dit sa femme. [Des] disputes, mais jamais de violences »

Le joueur assume les faits. Ils sont, de toute façon, difficilement contestables : les violences qui ont à nouveau amené l’enfant terrible du rugby devant le tribunal correctionnel ont été filmées par plusieurs caméras de vidéosurveillance. Et détaillées par des témoins, que le couple a croisés sur son chemin. « Monte ! », a demandé le joueur à son épouse, une fois arrivés à leur voiture. Des témoins ont tenté de l’empêcher de partir. En vain. La voiture a démarré, avant que des policiers ne l’arrêtent, un peu plus loin.

La victime, maman de deux enfants de 5 ans et 20 mois, qui a témoigné à l’audience, ce vendredi, a refusé de déposer une plainte et de voir un médecin. Parce qu’ils ont deux enfants, parce qu’il faut protéger la carrière du pilier, a-t-elle détaillé, notamment. Et parce qu’elle veut préserver son couple. « C’est la première fois qu’il y a des violences, a-t-elle assuré. [Des] disputes, mais jamais de violences. » C’est la première fois, a-t-elle promis, qu’il « pose la main » sur elle. C’est une femme libre et son mari n’a « pas d’emprise psychologique » sur elle, a-t-elle dit, quand le tribunal l'a interrogée. D’ailleurs, à plusieurs reprises, elle a précisé qu’elle ne voulait pas le quitter. Elle veut discuter avec lui, certes. Mais le quitter, non. Mohamed Haouas ne l’empêche de rien faire, a-t-elle assuré, elle est libre. Il a juste « une [mauvaise] expérience avec la cigarette. Il n’aime pas ça ». Ces faits, « elle ne les cautionne pas », a assuré son avocat, Florian Medico. Mais elle avait envie « de retrouver son mari, ce soir, et d’en discuter dans l’intimité du couple ».

« Je tiens à m’excuser. Je t’aime. J’ai mal agi »

Le joueur montpelliérain, lui, assume. A plusieurs reprises, il a présenté ses excuses à sa femme, assise à quelques mètres de lui. « J’étais énervé, je ne me suis pas contrôlé, a-t-il confié. Je tiens à m’excuser. Je t’aime. J’ai mal agi. Je regrette. C’est ma femme, on s’est disputé. Ça arrive. » La star du XV de France a tenté de se justifier, déplorant qu’elle lui ait menti. Plusieurs fois, le joueur a dit avoir eu des doutes sur le fait que sa compagne fumait. Un paquet retrouvé dans un sac, une odeur… « Elle a le droit de le faire, elle est libre, elle est majeure et vaccinée, a-t-il assuré. Mais elle ne m’a pas dit la vérité (…) Elle fait ce qu’elle veut, c’est sa santé…. Mais la cigarette, ce n’est pas bon pour la santé. » Mais « ce n’est pas votre fille de 10 ans ! », lui a alors asséné alors le juge.

Le joueur a eu, aussi, décrypte-t-on dans ses propos quelque peu décousus, des doutes quant à un collègue de sa femme. « Je me suis fait des films », a dit le joueur, vraisemblablement jaloux de cet homme. « Je me suis dit que si elle peut mentir pour la cigarette, elle peut mentir pour autre chose (…) Je ne me suis pas contrôlé. »

« Sa femme a un nouveau métier, elle s’émancipe, elle fume. Il était persuadé qu’il se passait quelque chose »

La procureure, dans sa réquisition, a déploré que l’on semble faire, ce vendredi, le procès d’une femme « qui a fumé une cigarette ». Alors que, a-t-elle rappelé, la victime a été frappée, violemment, dans un centre commercial. « Il ne faut pas frapper une femme, a répondu le joueur. J’ai déjà défendu une femme qui se faisait battre par un homme. »

Mohamed Haouas n’ira pas en prison. Sa famille, et son avocat, étaient soulagés, à la sortie de l’audience. « Depuis dix ans, c’est un homme qui a une vie normale, a assuré Max Gallix, son avocat. Les dossiers pour lesquels il a été jugé il y a 15 jours et il y a un an sont des faits anciens, qui remontent à 10 ans. Vendredi, il s’est mal comporté. Il a eu un geste totalement déplacé. Inadmissible. Mais c’est un geste unique. Ce ne sont pas des violences habituelles » Vendredi, « il a été très jaloux. Sa femme a un nouveau métier, elle s’émancipe, elle fume. Il était persuadé qu’il se passait quelque chose. »

Marc Gallix a espéré, par ailleurs, que ce soit la dernière comparution de son client, devant un tribunal. « On lui a laissé une chance, et ce n’était pas du tout évident, a confié son avocat. Cette fois-ci, s’il ne la saisit pas, on ne pourra plus rien faire. Même moi, son avocat, je ne pourrais rien faire. » L’avenir sportif du pilier du XV de France, en revanche, reste en suspens. Clermont, le club qui devait l’accueillir, ne semble plus en vouloir. Des cambriolages, une rixe, des violences conjugales. C’est trop, pour un club.