Toulouse: Un policier jugé pour avoir grièvement blessé un « gilet jaune »
procès Un policier toulousain est jugé ce mardi pour avoir gravement blessé un « gilet jaune » par un tir de lance-grenades
- Un policier toulousain comparaît ce mardi pour avoir gravement blessé un homme, en 2019, en marge d’une mobilisation des « gilets jaunes ».
- L’arme en cause n’est pas un LBD mais un lanceur de grenades qui théoriquement ne doit pas viser, et encore moins toucher, les manifestants.
- Le policier ne nie pas les faits mais il conteste leur caractère volontaire.
EDIT du 24/05/2023: A l'audience, le parquet a requis une peine de six mois de prison avec sursis et de six mois d'interdiction de port d'arme contre le policier. La décision du tribunal sera rendue le 11 juillet 2023.
A 48 ans, Guillaume B. est « appareillé à vie » et souffre de troubles de la désorganisation. Il a perdu 30% de ses capacités auditives en marge d’un affrontement entre manifestants et forces de l’ordre. C’était le 23 mars 2019, lors de l’acte 19 des « gilets Jaunes », sur les berges toulousaines du canal du Midi. Mais, chose rare dans ce type d’affaires, qui se terminent souvent par la mise en cause « anonyme » de ’'Etat devant le tribunal administratif, le fonctionnaire auteur du tir a été identifié par ’'Inspection générale de la police nationale (IGPN). Ce major de police comparaîtra ce mardi après-midi devant le tribunal correctionnel, lors ’'un procès « dépaysé » à Montauban, pour « blessures volontaires ».
Assez inédit aussi, le tir qui a blessé Guillaume en pleine tête n’émanait pas d’un LBD mais d’un lanceur de grenades Cougar. Cet équipement à « gros tube » sert à éjecter des cartouches de sept plots de grenades lacrymogènes censées créer un nuage irrespirable pour disperser un attroupement.
Cet après-midi-là, deux tirs de lanceur Cougar ont eu lieu. Le premier part en cloche, conformément aux consignes. Le deuxième semble partir à l’horizontale. « Grâce à plusieurs vidéos, en utilisant le ralenti, on a pu reconstituer sa trajectoire », explique Claire Dujardin, l’avocate de la victime. Au-delà de l’indemnisation de ses soins et de son infirmité permanente, son client « veut comprendre » la raison de ce tir tendu.
Une défaillance technique ?
Le policier ne nie pas les faits. « Cet homme a été objectivement atteint et c’est évidemment dramatique », souligne son défenseur Laurent Boguet. S’il est avéré que le tir de son collègue était conforme, alors la trajectoire incriminée était forcément la sienne. Mais il conteste fermement la qualification des faits en violences volontaires. « Il était habilité au maniement de cette arme, a agi sur commandement de sa hiérarchie et surtout il ’'a pas abaissé son engin », précise ’'avocat qui souhaite « débattre sereinement » mardi et ’'exclut pas une défaillance technique au moment « de la mise à feu de ’'étui ».
Claire Dujardin estime au contraire que, vu les images, le policier aurait dû comparaître devant les assises. Elle compte aussi faire de ce procès « celui de ces armes de force intermédiaires, utilisées par les forces de l’ordre alors qu’elles sont extrêmement dangereuses, blessent, mutilent et peuvent tuer ».