Christian Favier, ancien président du Val-de-Marne, condamné pour détournement d’emplois publics

POLITIQUE Christian Favier était jugé pour avoir affecté 29 emplois administratifs aux services de l’autorité politique

20 Minutes avec agence
L'ex-président du Val-de-Marne Christian Favier, ici lors d'un événement en 2011.
L'ex-président du Val-de-Marne Christian Favier, ici lors d'un événement en 2011. — V. WARTNER / 20 MINUTES

Il était jugé pour avoir détourné des emplois publics au profit de la majorité en place, entre 2011 et 2017. L’ancien président communiste du conseil départemental du Val-de-Marne, Christian Favier, a été condamné ce mercredi à Paris à 10.000 euros. Le tribunal n’a pas infligé de peine d’inéligibilité à l’homme de 72 ans, battu en 2021 par la droite et en retraite politique. Son ancien directeur de cabinet, jugé à ses côtés, a été condamné pour complicité à 8.000 euros d’amende, là aussi sans inéligibilité.

« Des moyens supplémentaires donnés à la majorité en place »

L’affaire avait débuté par un rapport fin 2016 de la Chambre régionale des comptes d’Ile-de-France, qui avait ensuite fait un signalement à la justice. Le tribunal a estimé que 29 emplois administratifs au sein d’un service baptisé « questure » avaient bien été « détournés », puisqu’ils avaient été affectés aux services de l’autorité politique et donc des élus de l’exécutif.

« Les emplois administratifs sont créés exclusivement pour l’exercice par le département de ses compétences, dans l’intérêt général, notamment de ses missions de service public », selon la décision. Cela « a causé un double préjudice », a souligné le président du tribunal en rendant sa décision : « aux finances du département » et en « faussant partiellement le fonctionnement du système démocratique local (…) puisqu’il y a eu des moyens supplémentaires donnés à la majorité en place ». Des faits « d’autant plus graves qu’ils ont duré pendant sept ans, et que vous aviez les compétences pour y mettre un terme rapidement », a ajouté le magistrat.

Christian Favier évoque une organisation datant « des années 1980 »

La juridiction a néanmoins pris en compte le « casier vierge » des prévenus, « l’absence d’enrichissement personnel » et le fait que « les emplois de collaborateurs d’élus étaient en partie utiles » au département en faisant « l’interface entre un élu de référence et l’administration départementale ». Le président a en outre relevé que la questure avait été supprimée en mars 2017 et que les services avaient été « réorganisés de manière diligente ».

Lors du procès en janvier, le parquet national financier (PNF) avait requis 8 mois de prison avec sursis, 10.000 euros d’amende et deux ans d’inéligibilité. « Bien évidemment je conteste formellement cette condamnation », a réagi devant la presse à la sortie de l’audience Christian Favier, se disant « particulièrement en désaccord sur la question de l’intentionnalité ».

Il a évoqué une organisation datant « des années 1980 » qui « préexistait » à son arrivée à la tête du département en 2001, « y compris dans d’autres collectivités ». « Personne n’était en alerte sur ce sujet » et « il a fallu presque 15 ans avant d’être alerté par la Chambre régionale des comptes », a-t-il affirmé. Relevant que le jugement était « très différent » de « la peine demandée par le parquet », il a néanmoins dit se réserver la possibilité de faire appel.