Lyon : Pourquoi l’un des cadres des Remparts se retrouve-t-il devant la justice ?

Procès Sinisha Milinov, 21 ans, sera le seul à comparaître ce mardi devant le tribunal correctionnel de Lyon pour avoir participé, le 8 décembre, à une procession identitaire interdite par la préfecture du Rhône

C.G.
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Sinisha Milinov, qui se présente comme l’un des cadres du collectif identitaire Les Remparts de Lyon, doit être jugé ce mardi pour avoir « organisé et participé » à la manifestation « Lugdunum Suum », le 8 décembre, malgré l’interdiction fixée par la préfecture du Rhône
Sinisha Milinov, qui se présente comme l’un des cadres du collectif identitaire Les Remparts de Lyon, doit être jugé ce mardi pour avoir « organisé et participé » à la manifestation « Lugdunum Suum », le 8 décembre, malgré l’interdiction fixée par la préfecture du Rhône — C. Girardon / 20 Minutes
  • Le 8 décembre, alors que la manifestation « Lugdunum Suum » avait été interdite par la préfecture du Rhône, entre 200 et 300 identitaires avaient néanmoins participé à une procession sur les hauteurs de Fourvière à Lyon.
  • Ce mardi, seul l’un des cadres du collectif des Remparts sera jugé devant le tribunal correctionnel.
  • Il comparaît pour avoir « organisé et participé » au rassemblement. Explications.

Il est le seul à comparaître devant le tribunal correctionnel de Lyon. Sinisha Milinov, étudiant de 21 ans, qui se présente comme l’un des cadres de l’association Les Remparts de Lyon, doit être jugé ce mardi pour avoir « organisé et participé » à la manifestation « Lugdunum Suum », le 8 décembre pendant la Fête des lumières, malgré l’interdiction fixée par la préfecture du Rhône. Le point sur l’affaire.

Qu’est-ce « Ludgunum Suum » ?

Il s’agit d’une procession, généralement traduite « Notre Lyon », relayée par les milieux identitaires, qui pour but de défendre la tradition lyonnaise et rendre hommage à la Vierge Marie. A ne pas confondre avec la montée aux flambeaux, organisée chaque année par le diocèse, bien que les deux événements soient souvent concomitants.

Le 5 décembre 2022, la préfecture du Rhône avait pris la décision d’interdire cette manifestation « susceptible de générer de sérieux troubles à l’ordre public » au regard « de récentes violences commises par des militants de mouvances radicales ».

Qu’est-ce que les Remparts ?

Né sur les cendres de Génération identitaire - mouvement dissout en mars 2021 - le collectif s’est illustré à plusieurs reprises à Lyon. Le 21 octobre 2022 notamment, lorsque plusieurs militants ou proches des milieux identitaires ont scandé « l’immigration tue » ou « immigrés assassins », lors d’une manifestation sauvage visant à réclamer justice pour la jeune Lola, tuée à Paris.

Le lendemain, le maire de Lyon, Grégory Doucet, avait aussitôt demandé la « dissolution immédiate » du collectif, exigeant également la fermeture des lieux fréquentés par les identitaires. Plus récemment, l’association a tenté de récupérer l’affaire Axelle Dorier, la jeune femme décédée après avoir été percutée et traînée sur 800 mètres par une voiture sur les hauteurs de Fourvière. A la veille du procès, qui s’est déroulé du 17 au 20 janvier, le collectif s’est illustré en déversant du faux sang sur les lieux où la victime a été retrouvée. Puis avait manifesté devant la cour d’assises du Rhône, le soir du verdict, afin de contester les peines prononcées.

Pourquoi un seul prévenu ?

Le 8 décembre, entre 200 et 300 militants brandissant des drapeaux lyonnais ont donc bravé l’interdiction pour grimper sur la colline de Fourvière, se mêlant à la montée aux flambeaux et à la procession des traditionalistes, sans être inquiétés par les forces de l’ordre. Aucune interpellation n’a eu lieu ce soir-là. Pour plusieurs raisons. La foule, considérable en ce soir de fête des Lumières, ne permettait pas aux policiers d’intervenir. Et aucun débordement n’a été constaté. « Une intervention est possible que si des signes distinctifs permettent de caractériser le rassemblement Lugdunum Suum. Ce ne fut pas le cas », justifiait alors la préfecture du Rhône.

Une fois arrivé sur le parvis de la basilique de Fourvière, le groupe a bien tenté de déployer une banderole mais il a été rapidement écarté par les forces de l’ordre, l’amenant à se disperser.

Si Sinisha Milinov se retrouve seul devant le tribunal correctionnel, c’est parce qu’il s’est exprimé à visage découvert devant les caméras de BFM TV pour justifier sa présence sur les lieux et sa participation à la procession interdite. Il n’a donc pas été compliqué de l’identifier par la suite. Le parquet de Lyon avait d’ailleurs annoncé au Progrès le 14 décembre que le jeune homme à moustache, qui se décrit sur son compte Twitter comme « Costaud aux pecs accordés à sa voix ultra grave » pour reprendre les mots d’un article du Parisien dans lequel il était interviewé, était poursuivi pour « avoir organisé et participé » à cette procession, sans donner son identité.