Scandale du Mediator : Irène Frachon réclame « justice » contre le « cynisme » de Servier au procès en appel

témoignage La pneumologue du CHU de Brest, qui a révélé l’affaire Mediator, a demandé ce mardi à la cour d’appel de Paris de « faire justice », lors du procès en appel

20 Minutes avec AFP
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Irène Frachon, la lanceuse d'alerte du scandale Mediator, témoigne au procès en appel, mardi 14 février.
Irène Frachon, la lanceuse d'alerte du scandale Mediator, témoigne au procès en appel, mardi 14 février. — Christophe Archambault

Campée à la barre, elle a supplié la cour d’appel de Paris de « faire justice ». Ce mardi, au procès en appel du Mediator, le médecin Irène Frachon a appelé les juges à « poser les bornes » face au « cynisme » des laboratoires Servier, « au nom des victimes du monde entier ». La pneumologue bretonne, qui a révélé l’ampleur du scandale sanitaire du Mediator, a retracé « probablement pour la dernière fois devant une juridiction pénale » son combat pour faire interdire ce médicament puis pour aider les victimes à obtenir réparation.

Commercialisé comme antidiabétique en 1976 mais indûment prescrit comme coupe-faim jusqu’à son interdiction en 2009, le Mediator a entraîné de graves effets cardiovasculaires sur des milliers de patients, entraînant parfois leur mort. Depuis le 9 janvier, la cour d’appel de Paris rejuge Servier et son ex-directeur général, deux ans après la condamnation du laboratoire à 2,7 millions d’euros d’amende pour « tromperie aggravée » et « homicides et blessures involontaires ».

Des décennies de « négation forcenée »

Le Mediator et les autres médicaments de la même famille, c’est le « plus grand scandale de l’industrie pharmaceutique française » et « c’est 33 ans de ma vie professionnelle », résume la lanceuse d’alerte de 59 ans. « Je n’ai pas fait ce métier pour me retrouver dans cette salle avec derrière moi, probablement, un cortège de milliers de victimes et de morts », lance-t-elle.

La pneumologue retrace ses interrogations scientifiques, depuis son arrivée comme « jeune interne » à Clamart en 1990, jusqu’à ses premiers doutes, en 2007. En face, elle décrit des décennies de « négation forcenée de la dangerosité d’un produit » de la part de Servier. Elle n’a pas de mots assez durs pour le laboratoire : une « firme extraordinairement violente et délinquante », qui utilise une « vindicte procédurière pour museler la parole ». A l’issue des 5h30 de témoignage, la défense n’a posé aucune question à Irène Frachon.