« Chenil de l’horreur » : Chien pendu, trafic de puces électroniques… Les propriétaires devant la justice, à Lille
Procès Cinq personnes, propriétaires d’un chenil et d’un élevage, comparaissent devant le tribunal de Lille, suspectées de « sévices graves » envers les animaux
- En avril 2022, les gendarmes avaient recueilli près de 130 animaux domestiques, essentiellement des chiens, dans un refuge situé à Wavrin, près de Lille.
- L’état déplorable de certains animaux laissait penser à des actes de maltraitance.
- Le procès des propriétaires des lieux se tiendra, vendredi, au tribunal de Lille.
Mise à jour, le vendredi 10 février, à 15 h : L’audience a été reportée au 12 mai.
Il avait été baptisé « chenil de l’horreur ». En avril 2022, les gendarmes avaient découvert, lors d’une perquisition dans un refuge situé à Wavrin, près de Lille, dans le Nord, près de 130 animaux domestiques, essentiellement des chiens, dans un état déplorable, laissant penser à des actes de maltraitance. Le procès des propriétaires des lieux se tient, vendredi, au tribunal de Lille.
Cinq personnes sont, en effet, poursuivies pour « sévices graves ou acte de cruauté envers un animal domestique », mais aussi « exécution d’un travail dissimulé » ou encore « vente de chiens ou chats sans établir de règlement sanitaire ». Selon nos informations, le principal prévenu, Didier D., avait déjà subi, en 2011, une composition pénale* pour des pratiques commerciales trompeuses d’animaux.
« Il a forcément reçu un choc »
Ce sont des plaintes de propriétaires de chiens qui ont mis la puce à l’oreille des forces de l’ordre. « Les particuliers récupéraient les animaux souvent dans un état déplorable, blessés, amaigris, recouverts de puces et d’excréments », racontait la gendarmerie d’Allennes-les-Haubourdin, dans un tweet.
C’est notamment une plainte, déposée en octobre 2021, qui a déclenché la procédure judiciaire. « J’avais confié mon chien, un malinois, à cette pension de Wavrin en juillet, raconte-t-il à 20 Minutes. Quand j’ai appelé, une dizaine de jours plus tard, pour prendre des nouvelles, on m’a appris que mon chien était mort depuis deux jours, sans avoir été prévenu. Il aurait succombé à une blessure à la patte due à une tôle. »
L’homme, habitué à travailler avec des chiens depuis plus de vingt ans, s’aperçoit d’une gestion sanitaire calamiteuse du chenil. « Mon chien, qui était en parfaite santé, est mort d’une congestion pulmonaire, selon l’autopsie. Il avait forcément reçu un choc. »
L’enquête déclenchée par la justice, débouchera sur la perquisition du chenil, quelques mois plus tard. Les gendarmes y découvrent le corps d’un chien congelé et des pratiques illégales de la médecine vétérinaire via un trafic de puces électroniques d’identification.
« L’un des prévenus pendait un chien »
Parallèlement à la gestion du chenil, Didier D. et ses deux fils, sont aussi soupçonnés de s’être livrés à une activité d’élevage de chiens et de formation de maîtres-chiens dans des conditions épouvantables. « Nous sommes sur une affaire très lourde en matière d’actes de cruauté. L’un des prévenus pendait un chien et chronométrait le temps qu’il mettait pour mourir », précise Me Xavier Bacquet, avocat la Fondation 30 millions d’amis qui s’est portée partie civile dans ce procès.
« Cette affaire montre deux choses, explique Me Bacquet. La perversité de l’Homme d’une part. Et, d’autre part, l’insuffisance de la réponse pénale dans ce type de dossier. Tant que nous n’aurons pas une infraction contre les trafics d’animaux, ces horreurs pourront continuer »
Selon l’avocat, « une infraction de trafic d’animaux aurait permis à la justice de poursuivre plus largement au regard de la provenance des chiens, question que pose cette affaire, et du trafic constaté de puces électroniques permettant de les identifier ».
* Alternatives aux poursuites pour des primo-délinquants sur des faits de moindre gravité.