Affaire Magali Blandin : Verra-t-on un procès aux assises après la mort des beaux-parents ?
POURSUITES Quatre individus de nationalité géorgienne restent mis en examen pour tentative d’extorsion sur la personne de Jérôme Gaillard
- Jean et Monique Gaillard, âgés de 76 et 73 ans, ont été retrouvés morts à leur domicile de La Turballe (Loire-Atlantique) le 7 février 2023.
- Leur fils Jérôme Gaillard, qui avait reconnu avoir tué Magali Blandin en février 2021 près de Rennes, s’était donné la mort en prison.
- Quatre personnes de nationalité géorgienne restent poursuivies dans une affaire connexe de tentative d’extorsion en bande organisée mais le procès pourrait être correctionnalisé.
La séparation douloureuse a fait quatre morts et laissé quatre enfants orphelins. Presque deux ans après la mort de Magali Blandin à Montfort-sur-Meu (Ille-et-Vilaine), ses beaux-parents ont mis fin à leurs jours. Mardi, Jean et Monique Gaillard, âgés de 76 et 73 ans, ont été retrouvés morts à leur domicile à La Turballe (Loire-Atlantique). « Monique et Jean Gaillard avaient fait le choix de rendre la vérité à ce drame familial et portaient à eux seuls, depuis le suicide de leur fils Jérôme, le poids de la responsabilité. Ils n’auront plus été capables de vivre, encore » et sont « partis ensemble », ont expliqué leurs avocats.
En novembre 2021, le couple d’agriculteurs à la retraite était sorti de prison, quelques semaines après la mort de leur fils. Incarcéré pour avoir tué son ex-femme Magali Blandin, Jérôme Gaillard s’était donné la mort le 31 octobre dans sa cellule de Rennes-Vezin. Un décès qui avait causé la fin de l’action publique à son encontre, lui qui était mis en examen pour l’assassinat de la mère de ses quatre enfants. Mardi, l’action publique s’est également éteinte à l’encontre des époux Gaillard, qui étaient poursuivis pour complicité de meurtre. La mort des trois principaux suspects de l’affaire pourrait se traduire par l’abandon du procès aux assises. Même si ce n’est pas encore certain.
« Le dossier ne se tient plus »
L’article 6 du Code de procédure pénale est clair. « L’action publique pour l’application de la peine s’éteint par la mort du prévenu, la prescription, l’amnistie, l’abrogation de la loi pénale et la chose jugée ». Un texte qui s’applique de fait pour les trois principaux mis en cause. Mais pas pour les quatre personnes de nationalité géorgienne qui demeurent mises en examen pour tentative d’extorsion en bande organisée. Ces dernières sont soupçonnées d’avoir reçu 20.000 euros de la part de Jérôme Gaillard, pour garder sous silence un enregistrement où le mari évoquait sa volonté de tuer sa femme. La qualification étant criminelle, elle pourrait conduire à un procès aux assises pour les quatre prévenus. « Le parquet devra prendre dans les prochaines semaines ses réquisitions de renvoi éventuel de ces personnes devant la juridiction de jugement avant que le magistrat instructeur ne décide de l’orientation de cette procédure. Je ne peux donc à ce stade procédural vous préciser devant quelle juridiction ces faits seront évoqués », explique le procureur de la République Philippe Astruc.
Il appartiendra au juge d’instruction de décider de la tenue d’un procès aux assises ou non. Mais avec la mort des trois principaux accusés, on peut facilement imaginer que l’audience se tiendra devant un tribunal correctionnel. Notamment si la qualification « de crime en bande organisée » était abandonnée. « Je ne pense pas que nous aurons un procès aux assises. Le dossier ne se tient plus. D’autant que les seules victimes de cette tentative d’extorsion sont toutes décédées », estime une source proche du dossier. Me Olivier Pacheu, avocat des époux Gaillard, va dans le même sens. « J’imagine que ce sera correctionnalisé. » Les proches de la mère de quatre enfants n’auront pas de procès pour obtenir les réponses qu’ils attendaient.