Préfet Erignac : La semi-liberté finalement accordée à Pierre Alessandri
PRISON Le procureur général de Paris a annoncé ce mardi que Pierre Alessandri, condamné à la perpétuité pour l’assassinat du préfet Erignac, bénéficierait dès le 13 février d’une mesure de semi-liberté probatoire
- Condamné il y a 20 ans à la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir participé à l’assassinat du préfet Claude Erignac, Pierre Alessandri va pouvoir bénéficier d’une mesure de semi-liberté.
- Son avocat se félicite que « la stricte application du droit » ait été « respectée ».
- Libérable depuis 2017 (fin des 18 ans de la période de sûreté), l’intéressé qui avait déjà formulé sans succès trois demandes de remise en liberté pourra, dès le 13 février, travailler à l’extérieur de la prison de Borgo dans la journée.
Vingt ans après sa condamnation à la perpétuité pour sa participation à l’assassinat en Corse du préfet Claude Erignac, Pierre Alessandri s’est vu accorder mardi par la justice la semi-liberté, une décision saluée par les élus corses.
« Cette mesure de semi-liberté probatoire prendra effet le 13 février 2023, pour une durée d’une année. Sous réserve de la bonne exécution de cette mesure de semi-liberté, Pierre Alessandri sera ensuite admis au régime de la libération conditionnelle, pour une durée de dix années », a annoncé dans un communiqué le procureur général de Paris, Rémy Heitz.
La « stricte application du droit respectée »
« Bien évidemment, c’est un grand soulagement », a réagi auprès de l’AFP Me Eric Barbolosi, l’avocat de Pierre Alessandri, aujourd’hui âgé de 64 ans. « Ça n’est que la stricte application du droit qui a été respectée. Pour la première fois en cour d’appel, les magistrats se sont attachés à se déterminer sur les critères qui doivent conditionner une libération conditionnelle en faisant abstraction du caractère particulier de ce dossier », estime-t-il. Et d’ajouter : « Pour la première fois dans ce dossier, l’Etat a adopté un principe de neutralité et la justice a pu prendre sa décision en toute indépendance ».
Cette décision intervient sur fond de tensions entre les élus nationalistes corses et l’Etat, dix mois après la violente et mortelle agression par un codétenu à la prison d’Arles d’Yvan Colonna, qui purgeait une peine de perpétuité pour l’assassinat du préfet Erignac. La mort du militant nationaliste avait donné lieu à des manifestations en Corse, émaillées de heurts.
L’exécutif avait levé le statut de « détenus particulièrement signalés » des deux membres du commando Erignac encore en vie, Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, rendant possible leur transfèrement à la prison de Borgo, en Haute-Corse.
« Politiquement une page se tourne »
La future libération de Pierre Alessandri a été saluée par de nombreux élus nationalistes et, en premier lieu, par Gilles Simeoni, président du conseil exécutif et homme fort de la Corse. « C’était une attente forte de la société corse tout entière », affirme-t-il.
Vingt-cinq ans après l’assassinat du préfet Claude Erignac, tué par balles dans une rue d’Ajaccio le 6 février 1998, « cette décision de justice vient aussi dire de façon symbolique forte que le moment (…) d’écrire une nouvelle page des relations entre la Corse et l’Etat est venu, sans rien oublier du passé, des douleurs, souligne-t-il encore. Il faut se tourner vers l’avenir et construire une solution politique globale incluant une autonomie au plan institutionnel »
« Politiquement, une page se tourne. L’heure doit être à l’apaisement et à la construction de l’avenir de la Corse, loin de la violence et du climat de tension que l’on a pu connaître », considère le sénateur LR de Corse-du-Sud, Jean-Jacques Panunzi.
Libérables depuis 2017
Arrêtés en 1999, Pierre Alessandri et Alain Ferrandi avaient été condamnés en 2003 à la réclusion criminelle à perpétuité. Ils ont fini de purger les dix-huit ans de leur période de sûreté en 2017 et sont donc libérables depuis cette date.
Alain Ferrandi saura le 23 février si la justice fait droit à sa troisième demande d’aménagement de peine. Pierre Alessandri avait essuyé trois refus, en appel, de libération conditionnelle avec semi-liberté probatoire.
L’une de ces décisions avait été annulée en octobre par la Cour de cassation, renvoyant l’affaire pour qu’elle soit examinée à nouveau par la cour d’appel.
La mesure de semi-liberté va permettre à Pierre Alessandri de travailler à l’extérieur de la prison de Borgo (Haute-Corse) dans la journée, dans une société spécialisée dans l’élagage, le débroussaillage et l’aménagement de l’espace rural et basée à Ponte-Novu (Haute-Corse). Avant son incarcération, il exploitait une société de production d’huiles essentielles.