Lyon : L’Etat contraint de rembourser les dégradations des « gilets jaunes » survenues en 2020
SANCTION Le tribunal administratif a condamné l’Etat à rembourser à hauteur de 20.000 euros les frais occasionnés par la dégradation des façades de l’Hôtel-Dieu lors d’une manifestation des « gilets jaunes » le 9 janvier 2020 à Lyon
- Le 9 janvier 2020, des individus avaient jeté de la peinture et de l’huile de vidange sur les façades de l’Hôtel-Dieu de Lyon qu’ils avaient également tagué, en marge d’une manifestation des « gilets jaunes ».
- Si la préfecture estimait qu’il s’agissait de l’œuvre des « black blocks », le tribunal administratif a considéré que les dégâts avaient été occasionnés par les manifestants issus des rangs du cortège.
- Il a donc condamné l’Etat, qui avait autorisé cette manifestation, à rembourser les assureurs et le gestionnaire des lieux à hauteur de 20.000 euros.
L’Etat devra rembourser les frais occasionnés par les dégradations des « gilets jaunes » lors d’une manifestation qui s’était déroulée au début de l’année 2020, selon une décision du tribunal administratif de Lyon que s’est procurée l’AFP lundi.
Le 9 janvier 2020, en marge d’une manifestation des « gilets jaunes » à Lyon contre la réforme des retraites, des individus avaient jeté de la peinture ainsi que de l’huile de vidange et peint de nombreux tags sur les façades du Grand Hôtel-Dieu, célèbre bâtiment historique transformé en galerie commerciale de luxe dans le centre-ville.
Son gestionnaire immobilier Scaprim, et plusieurs assureurs tels que Chubb European Group Limited, Axa France IARD, Allianz France, Caisse nationale de réassurance, Mutuelle agricole Groupama et Helvetia Assurances, s’étaient alors retournés contre l’Etat, qui avait autorisé la manifestation, mais le préfet du Rhône avait rejeté la demande d’indemnisation.
Dans une décision datée du 16 décembre, le tribunal administratif a condamné l’Etat à rembourser les réparations et donc à verser quelque 3.000 euros à la société Scaprim et environ 17.000 euros aux assureurs, comme le révélait Le Progrès.
Les « black blocks » accusés à tort ?
Lors de l’audience tenue début décembre, la préfecture a fait valoir en défense que les dégradations avaient été perpétrées par des « casseurs présents dans le cortège » adoptant les méthodes de « black blocks ». Mais selon le tribunal « le compte rendu des opérations de maintien de l’ordre » évoque la présence d’individus « déterminés » et « à risques » qui n’étaient pas « en rupture totale avec la manifestation ».
« Dans ces conditions, les dommages résultant des actions de ces manifestants doivent être regardés comme le fait de délits commis à l’occasion d’attroupements ou de rassemblements », qui sont « de nature à engager la responsabilité sans faute de l’Etat sur le fondement de ces mêmes dispositions », conclut le tribunal.
Contactée par l’AFP, la préfecture a indiqué qu’elle n’avait pas encore pris de décision sur un éventuel appel.
En mai dernier, l’Etat avait été condamné à verser un peu plus de 1,4 million d’euros à la Ville de Paris pour l’indemniser des dégâts causés lors des manifestations des « gilets jaunes ». Un mois plus tôt, il avait déjà été condamné à verser plus de 1,2 million d’euros à la commune et la métropole de Toulouse pour les mêmes motifs.