Procès de l’attentat de Nice : « C’est une bonne surprise »… Les parties civiles satisfaites par les peines prononcées
COMPTE RENDU La cour d’assises spécialement constituée est allée au-delà des réquisitions du Parquet national antiterroriste en condamnant les huit accusés à des peines allant de deux à 18 ans de prison
- Le procès de l’attentat du 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais, à Nice, s’est ouvert le 5 septembre devant la cour d’assises spécialement composée, à Paris.
- Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, le conducteur du camion qui a foncé dans la foule, faisant 86 morts et 318 blessés, a été abattu par les forces de l’ordre quelques minutes après le drame. Huit autres personnes – sept hommes et une femme, accusés de l’avoir aidé à divers degrés dans son projet – ont été jugées.
- La cour d’assises spéciale de Paris a livré ce mardi après-midi son verdict. Les accusés ont tous été reconnus coupables et ont écopé de peines allant de deux à 18 ans de prison.
Stéphane Erbs, coprésident de l’association « Promenade des anges », ne cache pas être agréablement surpris. « C’est une bonne surprise, on s’attendait à être déçu. On voulait que justice soit rendue, cela a été le cas. » La cour d’assises spécialement constituée a, en effet, prononcé, ce mardi après-midi, des peines allant de deux à 18 ans de prison pour les huit personnes jugées au procès de l’attentat de Nice, qui avait fait 86 morts le 14 juillet 2016.
Les cinq magistrats professionnels qui la composent sont allés au-delà des réquisitions du Parquet national antiterroriste en condamnant, pour association de malfaiteurs terroriste (AMT), Chokri Chafroud et Mohamed Ghraieb, à une peine de 18 ans de prison, sur les 20 encourues.
Me Gérard Chemla, avocat de parties civiles, le reconnaît : il s’attendait « à tout, notamment à d’éventuels acquittements ». Sa consœur, Me Virginie Leroy, a donc accueilli la décision « avec beaucoup de bonheur, de soulagement ». « Les acquittements n’étaient pas concevables pour nous. C’est un verdict à la hauteur de ce qui s’était passé. C’est aussi ça lutter contre le terrorisme. »
« Cette décision est une erreur »
La cour « a eu l’intime conviction que l’auteur de l’attentat, Mohamed Lahouaiej Bouhlel, avait associé, dans la détermination puis la réalisation de son projet criminel, tant Mohamed Ghraieb que Chokri Chafroud », a indiqué le président de la cour Laurent Raviot, à la fin de la lecture du verdict. Le magistrat a déclaré que la cour n’avait pas été convaincue par « l’hypothèse d’une manipulation perverse » du terroriste qui aurait laissé plusieurs indices destinés à incriminer les accusés. L’avocat de Chokri Chafroud, Me Florian François-Jacquemin, a estimé que « cette décision est une erreur ». « Notre client était triste, abattu, mais il clamera son innocence jusqu’au bout et fera appel de cette décision », a-t-il ajouté.
Le troisième accusé qui comparaissait pour AMT, Ramzi Arefa, 28 ans, a été condamné à 12 ans de réclusion pour association de malfaiteurs, sans qualification terroriste, et trafic d’armes. Il était le seul à encourir la perpétuité car il se trouvait en situation de récidive légale en raison d’une condamnation à un an d’emprisonnement pour vol en 2014. Le Pnat avait également requis l’abandon de la qualification terroriste à son encontre, mais réclamé 15 ans de réclusion.
Ramzi Arefa avait reconnu avoir fourni un pistolet semi-automatique au tueur, qui s’en était servi le soir de l’attentat sans toutefois blesser quiconque. La cour a souligné la « gravité » de cette transaction mais a reconnu qu’il n’y avait « pas d’éléments permettant de déterminer qu’il pouvait avoir idée de la détermination djihadiste de Mohamed Lahouaiej Bouhlel », leur relation étant récente.
« Une plaie qui ne sera jamais vraiment fermée »
« Nous sommes satisfaits, dans le groupe de défense de Ramzi Arefa, de l’abandon de l’AMT. C’était vraiment important pour lui que soit affirmé lors d’une audience publique qu’il n’était pas un terroriste, que lui soit retiré du front cette étiquette », a expliqué Me Adélaïde Jacquin. « En revanche, nous notons une particulière sévérité de la peine retenue par la cour d’assises. »
Les cinq autres accusés ont été reconnus coupables de trafic d’armes ou d’association de malfaiteurs, sans qualification terroriste, et condamnés à des peines allant de deux à huit ans d’emprisonnement. Le Pnat avait requis de deux à dix ans à leur encontre.
« En tant que famille de victime, il y aura toujours une plaie qui ne sera jamais vraiment fermée », a néanmoins souligné Ali Charrihi, qui a perdu sa mère Fatima dans l’attentat. « L’auteur principal n’est plus là », a-t-il aussi déploré. Désormais, les parties civiles attendent qu’un autre procès se tienne procès afin « que toute la lumière soit faite sur les manquements, les défaillances qu’il y a eus lors de la préparation de la Prom party », a conclu Stéphane Herbs.