Procès de l’attentat de Nice : La cour d’assises spéciale achève l’interrogatoire des accusés

AUDIENCE Endri Elezi, le septième et dernier des protagonistes présents au procès de l’attentat de Nice, a été entendu lundi. Avant le début des plaidoiries des parties civiles, la cour doit s’intéresser ce mardi au huitième accusé, absent

20 Minutes avec AFP
Les sept accusés présents au procès de l'attentat de Nice, avec de gauche à droite, à l'arrière, Artan Henaj, Chakri Chafroud, Ramzi Arefa, et devant, Mohamed Walid Ghraieb, Endri Elezi, Makzim Celaj et Enkeledka Zace
Les sept accusés présents au procès de l'attentat de Nice, avec de gauche à droite, à l'arrière, Artan Henaj, Chakri Chafroud, Ramzi Arefa, et devant, Mohamed Walid Ghraieb, Endri Elezi, Makzim Celaj et Enkeledka Zace — Elisabeth de Pourquery/AP/SIPA
  • La cour d’assises spéciale de Paris a entendu lundi Endri Elezi, le septième et dernier des protagonistes présents au procès de l’attentat de Nice. Cet Albanais de 30 ans est poursuivi pour avoir participé à la fourniture de deux armes.
  • Ce mardi donc, la cour s’intéressera à Brahim Tritrou, un Tunisien de 37 ans accusé d’avoir servi d’intermédiaire entre Ramzi Arefa et Artan Henaj et qui serait actuellement détenu en Tunisie.
  • Mercredi commencent les plaidoiries des parties civiles.

Alors qu’elle lira les déclarations du huitième accusé, Brahim Tritrou, jugé en son absence, ce mardi, la cour d’assises spéciale de Paris a entendu lundi Endri Elezi, le septième et dernier des protagonistes présents au procès de l’attentat de Nice. Cet Albanais de 30 ans est poursuivi pour avoir participé à la fourniture de deux armes.

Il serait notamment impliqué dans la vente d’un pistolet semi-automatique, le 12 juillet 2016, à l’auteur du massacre au camion-bélier qui a fait 86 morts et plus de 400 blessés sur la promenade des Anglais le 14 juillet de cette année. Il nie toute implication. C’est avec cette arme que le Tunisien Mohamed Lahouaiej-Bouhlel a ouvert le feu sans atteindre personne avant d’être abattu par la police.

« J’avais envie de changer d’horizon »

A la barre, Endri Elezi explique être arrivé en France début juin 2016 à l’invitation d’un cousin, Adriatik Elezi, qui disait pouvoir l’aider à trouver du travail. « J’avais envie de changer d’horizon », justifie-t-il. Depuis l’adolescence, le jeune homme fait des allers-retours entre l’Albanie et la Grèce, l’Italie ou la Belgique, travaillant comme saisonnier dans l’agriculture ou comme peintre en bâtiment. Il reconnaît aussi avoir été incarcéré sept mois en Belgique après un cambriolage.

La mise sur écoute du téléphone de ce cousin montre qu’il « semble vivre en France de cambriolages », observe la première assesseure, Emmanuelle Bessone. « Je ne savais pas. On se voyait, on prenait des cafés, mais je ne savais pas ce qu’il faisait concrètement », assure Endri Elezi. Le jeune homme conteste toute implication dans la transaction autour du pistolet : « On n’a jamais évoqué d’armes ensemble. »

Quelle destination pour les armes ?

Contrairement à ce qu’a déclaré son cousin pendant la procédure, il affirme aussi ne pas connaître Artan Henaj, coaccusé, à qui le pistolet sera remis et qui le vendra à l’auteur de l’attentat par le biais d’un autre accusé, Ramzi Arefa. « Je ne le connaissais pas avant. Si je l’avais connu, je vous l’aurais dit », assure-t-il en albanais.

Visiblement stressé, les yeux rougis, il reconnaît seulement être allé chercher un sac contenant un fusil d’assaut, dissimulé sur les hauteurs de Nice, sur instructions de son cousin. Cette arme sans munition sera retrouvée dans la cave de l’immeuble où habitait Ramzi Arefa, deux jours après l’attentat. Le 17 juillet, jour de l’interpellation d’Artan Henaj, Endri Elezi et son cousin changent de ligne téléphonique.

« Vous savez pertinemment que l’une des armes que vous avez transportées est susceptible d’avoir servi à l’attentat, puisque c’est ce que dit Adriatik Elezi pour justifier ce changement de ligne », tente le président de la cour, Laurent Raviot. Nouvelle dénégation. « A l’époque je ne savais même pas qui avait été interpellé. C’est lui qui m’a amené » la nouvelle puce téléphonique, dit-il. Adriatik Elezi, également mis en examen dans l’enquête sur l’attentat, s’est suicidé en juin 2018 en détention.

En pleurs sur le banc des accusés

Selon Endri Elezi, son départ de Nice pour l’Italie, fin juillet 2016, n’est pas non plus lié à la crainte d’être interpellé après l’attentat. « J’ai jamais pensé à une telle chose », assure-t-il, expliquant son départ par l’absence de travail stable en France. Il sera arrêté début 2021 en Italie, où il venait de s’installer avec sa femme et son fils.

Incarcéré quelques mois dans l’Hexagone, il est libre sous contrôle judiciaire depuis un an. A la fin de son interrogatoire, l’accusé, qui encourt cinq ans de prison, s’effondre en pleurs sur le banc.

Ce mardi donc, la cour s’intéressera à Brahim Tritrou, un Tunisien de 37 ans accusé d’avoir servi d’intermédiaire entre Ramzi Arefa et Artan Henaj et qui serait actuellement détenu en Tunisie. Mercredi commencent les plaidoiries des parties civiles.