Procès de l’attentat de Nice : Ramzi Arefa se défend d’être « un terroriste »

AUDIENCE Accusé d’avoir fourni une arme à l’auteur de l’attentat de Nice, Ramzi Arefa est le seul qui, en état de récidive légale, encourt une peine de réclusion à perpétuité. Aucun signe de radicalité n’a été décelé chez lui

20 Minutes avec AFP
Au procès de l'attentat de Nice, devant la cour d'assises spéciale de Paris
Au procès de l'attentat de Nice, devant la cour d'assises spéciale de Paris — Francois Mori/AP/SIPA
  • « J’étais un petit con. Mon objectif, c’était de faire de l’argent. Aujourd’hui, quand j’y repense, j’ai honte », s’est justifié lundi et mardi Ramzi Arefa, au procès de l’attaque du 14 juillet 2016, assurant qu’il n’est « pas un terroriste ».
  • Ce Franco-Tunisien de presque 28 ans admet, sans difficulté, avoir fourni une arme à Mohamed Lahouaiej-Bouhlel mais conteste vigoureusement, en revanche, avoir eu vent des intentions du conducteur du camion-bélier qui a fait 86 morts.

Accusé d’avoir fourni une arme à l’auteur de l’attentat de Nice, il est l’un des trois protagonistes poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste et le seul qui encourt une peine de réclusion à perpétuité après une condamnation définitive à dix ans de prison pour vol aggravé. « J’étais un petit con. Mon objectif, c’était de faire de l’argent. Aujourd’hui, quand j’y repense, j’ai honte », s’est justifié lundi et mardi Ramzi Arefa, au procès de l’attaque du 14 juillet 2016, assurant qu’il n’est « pas un terroriste ».

Barbe et cheveux bruns coupés court, le Franco-Tunisien qui fêtera ses 28 ans le 28 novembre admet, sans difficulté, avoir fourni une arme à Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. En revanche, il conteste vigoureusement avoir eu vent des intentions du conducteur du camion-bélier qui a fait 86 morts et plus de 450 blessés sur la promenade des Anglais. « Lorsque j’ai compris ce qu’il s’était vraiment passé, ce qu’avait fait le terroriste, j’ai été très choqué par la monstruosité de cet acte horrible et atroce », dit-il.

Lahouaiej-Bouhlel n’était « pas un ami mais un client »

À l’époque des faits, « je venais de sortir de prison », explique-t-il. Déscolarisé dès la classe de 4e, il se lance, comme ses frères aînés, dans le trafic de cannabis et de cocaïne. « Je ne mesurais pas la conséquence de mes actes. J’étais animé par l’argent facile », insiste-t-il. Et comme ses grands frères, il commence des allers-retours en prison.

Et sa première rencontre avec Mohamed Lahouaiej-Bouhlel date justement d’une période d’incarcération, en octobre 2015. Le futur auteur de l’attentat livre des boissons à la maison d’arrêt de Nice. Ramzi Arefa, alors en régime de semi-liberté, le croise, imaginant que le système de livraison pourrait être un moyen d’introduire de la drogue en prison.

Ça ne marche pas. Mais, en février 2016, alors qu’il vient de sortir de prison, Ramzi Arefa revoit le chauffeur-livreur dans son quartier. « C’était pas un ami mais un client. Je lui parlais comme à un toxico », dit-il à la cour. Il lui vend du cannabis et de la cocaïne. « Un jour, il m’a demandé un pistolet. J’ai cherché un contact partout autour de moi », soutient Ramzi Arefa. « Pour moi, c’était une opportunité nouvelle de faire de l’argent ».

« Cette étiquette de terroriste, c’est une honte »

Il contacte Artan Henaj, un Albanais, son fournisseur de cocaïne, aussi connu pour être trafiquant d’armes, autre accusé au procès qui sera entendu jeudi. « J’ai fait la transaction [pour la somme de 1.400 euros], je n’ai plus revu Mohamed Lahouaiej-Bouhlel et quelques jours après, j’étais arrêté », résume Ramzi Arefa.

En prison depuis juillet 2016, le Franco-Tunisien soutient avoir mûri : « La détention m’a permis d’évoluer ». C’est en prison qu’il a lu son premier livre. « Je suis prêt à assumer mes responsabilités mais je ne suis pas un terroriste », insiste-t-il. Il préférerait écoper d’une peine sévère pour trafic d’armes plutôt que d’une peine plus légère pour terrorisme, dit-il. « Cette étiquette de terroriste, c’est une honte, la pire chose au monde ». Le Quartier d’évaluation de la radicalité (QER) de Fleury-Mérogis n’a décelé aucun signe de radicalité chez lui. Il n’a reçu aucune éducation religieuse et ne pratique pas.

S’il sort de prison, il dit souhaiter entreprendre une formation en marketing et a l’ambition de « vendre des WC innovants ». « En prison, j’ai eu bien le temps de réfléchir, de voir mes erreurs, comme l’argent facile. Je préfère galérer, ne pas aller aussi vite et rendre fière ma mère, vivre honorablement. Tous les jours, j’essaie de devenir meilleur », explique l’accusé avant d’assurer : « J’ai grandi, je ne suis plus un petit con ».