Arras : « C’était un prédateur », se défend un septuagénaire, soupçonné d’avoir tué un chat
Procès Un septuagénaire, soupçonné d’avoir abattu un chat en mars, comparaissait devant le tribunal correctionnel d’Arras
- Un prévenu de 71 ans comparaissait devant le tribunal correctionnel d’Arras, dans le Pas-de-Calais, pour avoir abattu le chat des voisins d’un coup de carabine.
- Son avocat a demandé la relaxe, estimant que « l’acte de cruauté n’était pas démontré ».
- La procureure a réclamé trois mois de prison avec sursis, le retrait du permis de chasse et l’interdiction de détenir des armes pendant trois ans.
Mise à jour le 5 janvier : Le prévenu a écopé d’une peine de deux mois de prison avec sursis et de cinq ans d’interdiction de détenir une arme. Il a interjeté appel, tout comme les propriétaires du chat abattu. La qualification de sévices ou d'actes de cruauté n'avaient pas été retenus pour liasser place à « atteinte volontaire à la vie d'un animal », Il y aura donc un nouveau procès.
« Pour moi, c’était un prédateur. Je suis chez moi, je défends ma propriété. » C’est un petit bonhomme de 71 ans, droit dans ses bottes, qui se présente, mardi, devant le tribunal correctionnel d’Arras, dans le Pas-de-Calais. Le front dégarni et le souffle parfois court, Gérard D. tente d’expliquer son geste. Il comparait pour avoir abattu le chat des voisins d’un coup de carabine, en mars, à Penin, un petit village de 400 habitants.
Ce genre d’affaires ne défrayait pas les chroniques de la ruralité, il y a quelques décennies. Mais aujourd’hui, une nouvelle loi plus répressive est entrée en vigueur et la société a changé.
« Cette histoire le dépasse totalement »
Pour l’avocat du prévenu, Me Mathieu Strubbe, « cette histoire le dépasse totalement ». « Il a toujours eu une histoire avec des animaux de par son métier d’agriculteur et il n’a aucun antécédent de maltraitance. Or, aujourd’hui, il subit un véritable lynchage », dénonce-t-il.
Les plaignants, un couple de quinquagénaires, ont une autre lecture des faits. Ils parlent, au contraire de « provocations permanentes » de la part de cet ancien agriculteur. A leur arrivée dans la commune, voilà plus de 30 ans, les relations de voisinage étaient « plutôt bonnes », explique Etienne W.. Avant de se dégrader peu à peu.
Il y a quatre ans, le couple achète un chat blanc mi-birman, mi-siamois, baptisé Nelson. Un animal extrêmement affectueux, « qui faisait partie de la famille » à en croire son propriétaire. Une affection qui se ressent dans le plaidoyer de Me Graziella Dode, avocate du couple. Plaidoyer construit comme une lettre rédigée par Nelson, lui-même. « Le parti pris de l’association Défense et Dignité animales, que je représente aussi, est de plaider pour l’animal et d’adopter son point de vue », explique-t-elle à 20 Minutes.
Aucune compassion, aucun regret
Mais à la barre, Gérard D. ne montre aucune compassion pour les propriétaires. Aucun regret. « Je voulais tuer cette bête, avoue-t-il. Je pensais que c’était un furet ou un blaireau qui s’attaquait à mon poulailler. » « Pour un chasseur comme lui, impossible qu’il ait confondu », rétorque Me Patrice Grillon, avocat pour l’association Stéphane Lamart qui s’est porté partie civile. Ce dernier demande que ce « coeur de pierre » soit sévèrement sanctionné.
De son côté, la procureure, Séverine Merle, maintient sa position concernant l’acte de cruauté, malgré le débat ouvert par le président du tribunal sur la qualification des faits. Selon l’enquête, l’animal n’est pas mort sur le coup. Et de relativiser : « Je refuse à faire de ce dossier une affaire symbolique. Si on devait mettre autant de coeur pour des affaires concernant les humains, j’en serais ravie », ajoute-t-elle.
La magistrate réclame trois mois de prison avec sursis, le retrait du permis de chasse et l’interdiction de détenir des armes pendant trois ans. Gérard D. n’en avait pas moins de cinq à son domicile.
L’avocat du prévenu, pour sa part, plaide la relaxe, évoquant « un acte regrettable et grave », mais « abattu d’une seule balle, l’animal n’a pas souffert, on ne peut donc démontrer l’acte de cruauté », selon lui. Décision du tribunal, le 13 décembre.