Attentat de Nice : Deux ans après l’attaque de la basilique Notre-Dame, où en est l’enquête?

TERRORISME L’information judiciaire ouverte pour « assassinats et tentatives d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste » pourrait « prendre fin d’ici quelques mois et même avant la fin de l’année », annonce une source proche de l’enquête

Fabien Binacchi
Des commémorations sont prévues samedi autour de la statue "La Colombe pour la paix" et dans la basilique où une messe sera célébrée
Des commémorations sont prévues samedi autour de la statue "La Colombe pour la paix" et dans la basilique où une messe sera célébrée — SYSPEO/SIPA
  • Le matin du 29 octobre 2020, Nadine Devillers, Simone Barreto Silva et Vincent Loquès, deux paroissiennes et le Sacristain de la basilique Notre-Dame de Nice, tombaient sous les coups de couteau d’un jeune terroriste Tunisien.
  • L’information judiciaire pourrait « prendre fin d’ici quelques mois et même avant la fin de l’année », annonce à 20 Minutes une source proche de l’enquête.
  • Les trois familles des victimes « attendent des explications » même « si ce sera, a priori, compliqué d’en obtenir », redoute Joffrey Devillers, le mari de la première victime, alors que l’assaillant dit souffrir d’amnésie.

Dans la journée du 29 octobre 2020, pour les proches de Nadine Devillers, Simone Barreto Silva et Vincent Loquès, tout a basculé. Ce matin-là, ces deux paroissiennes et le sacristain de la basilique Notre-Dame de Nice tombaient sous les coups de couteau d’un jeune terroriste Tunisien. Deux ans après, pour ces familles qui se retrouveront samedi pour des commémorations, la plaie est toujours béante.

Le travail de deuil se poursuit dans l’attente de réponses. Et d’un futur procès. Les investigations touchent en tout cas au but. L’information judiciaire ouverte entre autres pour « assassinats et tentatives d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste » pourrait « prendre fin d’ici quelques mois et même avant la fin de l’année », annonce à 20 Minutes une source proche de l’enquête.

L’auteur des faits amnésique ?

Seuls quelques détails liés à sa dimension internationale, le suspect de nationalité tunisienne étant passé par l’Italie, resteraient encore à boucler. Sur le fond, « il n’y a pas d’éléments nouveaux majeurs » dans le dossier, précise Me Philippe Soussi, l’avocat de Joffrey Devillers, le mari de la première victime.

Au printemps dernier, les parties civiles avaient pu obtenir les conclusions d’une expertise psychiatrique de l’assaillant Brahim Aouissaoui, aujourd’hui âgé de 24 ans et qui dit ne pas se souvenir des faits. Et selon le conseil, des analyses neurologiques ont montré qu’il était « possible ou concevable qu’il puisse y avoir une amnésie concernant le jour » de l’attaque, le suspect blessé par balle ayant subi des anesthésies et des sédations, mais pas au-delà. Ce « système de défense » serait une façon « de fuir ses responsabilités » et « de voler par avance le procès aux parties civiles », dénonçait alors Me Philippe Soussi.


« On n’oublie pas et on s’accroche »

Pourtant, les trois familles des victimes « attendent des explications » même « si ce sera, a priori, compliqué d’en obtenir », redoute Joffrey Devillers, interrogé par 20 Minutes. « L’important c’est que justice soit faite » mais, en attendant, « on n’oublie pas et on s’accroche », explique-t-il assurant être « toujours en contact » avec les proches des deux autres victimes.

« Chacun réagit différemment. Moi, ça va, j’ai la chance d’être bien entouré. Et je travaille, tout se passe bien », précise aussi le quinquagénaire que la ville de Nice avait embauché peu de temps après l’attaque. D’abord dans les effectifs de sa direction des relations publiques puis, depuis quelques mois, au sein de la nouvelle Agence de sécurité sanitaire et environnementale et de gestion des risques de la métropole. Une entité lancée le 23 juillet 2020 et notamment prévue pour apporter du soutien… en cas d’attentat.

Ce samedi, avant une messe présidée par l’évêque de Nice à 9 heures, Joffrey Devillers se retrouvera avec les familles de Simone Barreto Silva et Vincent Loquès, pour un moment de recueillement, devant la statue de l’artiste Théo Tobiasse, inaugurée l’an dernier sur le parvis de la basilique. Et la mairie fait savoir que « tous les Niçois pourront déposer une rose blanche » au pied de cette « Colombe de la paix ».