Bas-Rhin : 20 ans requis contre le « requin » pédocriminel
Justice Vingt ans de réclusion criminelle assortis d’une peine de sûreté des deux tiers ont été requis jeudi au procès de Jean-Christophe Karcher, jugé pour 34 agressions sexuelles de fillettes et trois viols
« Ces réquisitions prennent en compte la détresse des victimes », a commenté Maître Emmanuel Spano, avocat de plusieurs parties civiles, lors d’une suspension d’audience. Une peine de vingt ans de réclusion criminelle, assortis d’une peine de sûreté des deux tiers, a été requise jeudi lors du procès de Jean-Christophe Karcher, jugé devant la cour d’assises du Bas-Rhin pour 34 agressions sexuelles de fillettes et trois viols. Commencé le 3 octobre, le procès du « requin de Niederroedern » se tient à huis clos partiel à la demande des parties civiles.
Agé de 50 ans, le prévenu, ancien premier adjoint au maire d’un village de 1.000 habitants du nord Alsace, professeur de collège et chef de camp scout, n’avait reconnu que les attouchements au cours de l’instruction. Il a finalement admis les viols digitaux devant les jurés et la plupart des victimes présentes aux audiences, selon plusieurs avocats.
Le jeu du « requin »
Les victimes, pour l’essentiel des amies des deux filles de l’accusé, elles-mêmes agressées, étaient invitées dans la piscine familiale où Jean-Christophe Karcher leur imposait le « jeu du requin ». Il consistait à attraper les fillettes, souvent par leurs parties intimes ou sous leur maillot de bain. Suivaient le bain, le séchage et des massages que les enfants, nues, devaient promettre de garder secrets.
D’autres agressions auraient eu lieu lors de camps scouts auquel participait l’accusé. Les faits retenus se sont déroulés entre 2007 et 2018, la plupart des victimes avaient entre 9 et 11 ans.
La notabilité de l’accusé, très intégré dans la vie locale, avait sans doute découragé les victimes et leurs parents de le dénoncer. Incarcéré depuis fin 2018, Jean-Christophe Karcher a déjà passé près de 4 ans en détention.
Deux ans de prison (dont un avec sursis) ont également été requis contre son père pour destruction de preuves. A la demande de son fils, cet homme de presque 80 ans, qui comparaît libre, avait brûlé dans sa chaudière plusieurs clés USB sur lesquelles se trouvaient certainement des vidéos des agressions commises par celui-ci.
Le procès du « requin de Niederroedern » se tient à huis clos partiel à la demande des parties civiles. Seul un journaliste de la presse locale a été autorisé à assister aux débats, ses confrères étant priés de quitter la salle avant le début des échanges. L’Association confraternelle des journalistes de la Presse judiciaire (APJ) avait exprimé « sa stupéfaction » devant cette mesure inédite tandis que le SNJ avait dénoncé « une pratique consistant à faire le tri entre les médias »