Procès de l’attentat de Nice : L’attaque relève d’un « terrorisme d’inspiration »
AUDIENCE « Aucun lien direct n’a été établi entre l’Etat islamique et l’auteur de l’attaque au camion de Nice », ont reconnu les enquêteurs lors des premiers jours de l’audience qui se tient à Paris
- L'attentat au camion-bélier sur la promenade des Anglais de Nice le 14 juillet 2016 relève d'un «terrorisme d'inspiration», ont avancé mercredi et jeudi les policiers en charge de l'enquête à la barre de la cour d'assises spéciale de Paris.
- La propagande retrouvée sur le téléphone et l'ordinateur de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel « a pu avoir un rôle dans le passage à l’acte », selon un enquêteur de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
Les policiers en charge de l’enquête sur l’attentat de la promenade des Anglais ont estimé mercredi et jeudi à la barre de la cour d’assises spéciale de Paris que l’attaque relevait d’un « terrorisme d’inspiration ». Le procès de l’attentat se déroule sans le conducteur du camion, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, un Tunisien de 31 ans abattu par la police après sa course meurtrière qui a fait 86 morts et des centaines de blessés le soir du 14 juillet 2016 à Nice.
En son absence, huit personnes, dont aucune n’est considérée comme complice, sont jugées depuis lundi. Trois accusés seulement comparaissent pour association de malfaiteurs terroriste. Les cinq autres accusés sont poursuivis pour des délits de droit commun, association de malfaiteurs et infractions à la législation sur les armes.
« Violent », « instable » et « perturbé »
Pour l’accusation, l’attentat de Nice est bien un acte terroriste et non pas l’œuvre d’un déséquilibré, même si Mohamed Lahouaiej-Bouhlel était décrit comme « violent », « instable » et « perturbé ».
Pour le groupe Etat islamique (EI), « l’année 2016 fut une année de rupture », a expliqué à la cour un enquêteur de la irection générale de la sécurité intérieure (DGSI) qui s’exprimait par visioconférence sous couvert de l’anonymat. « L’organisation faisait face à des attaques de tous les côtés, notamment par les forces des pays de la coalition internationale, a-t-il poursuivi. L’EI, malgré l’amorce de son déclin, multipliait les appels à frapper et à terroriser le monde occidental. La France était particulièrement visée. L’EI avait besoin de se relégitimer à travers des actions symboliques ».
« L’Etat islamique avait développé une propagande massive, vidéos à l’appui, pour inciter des individus autonomes à multiplier les actions de manière simple et directe », poursuit le policier, notamment « en utilisant des véhicules pour écraser des piétons ». « On estime que l’attentat de Nice se rattache à cette menace inspirée », résume l’enquêteur de la DGSI.
Les investigations ont démontré que Mohamed Lahouaiej-Bouhlel avait visionné des vidéos de l’EI, parmi de nombreuses autres images violentes. La propagande retrouvée sur son téléphone et son ordinateur « a pu avoir un rôle dans le passage à l’acte », avance-t-il.
Il a « minutieusement préparé son acte »
A la barre mais également sous couvert d’anonymat, une enquêtrice de la sous-direction antiterroriste (Sdat) de la police est formelle : « le caractère terroriste [de l’attentat] ne fait aucun doute ». Mohamed Lahouaiej-Bouhlel avait « minutieusement préparé son acte », dit-elle. Il a photographié le 1er janvier 2016 un article de presse intitulé : « il fonce volontairement sur la terrasse d’un restaurant ». Et, il a fait aussi « plusieurs démarches pour louer un camion, sous prétexte d’un déménagement ».
Signe de sa détermination, l’enquête a révélé que Mohamed Lahouaiej-Bouhlel avait fait onze repérages avec le camion et d’autres encore à vélo ou à pied, entre le 11 et 14 juillet. Pour autant, « aucun lien direct n’a été établi entre l’Etat islamique et l’auteur de l’attaque au camion de Nice. Aucun lien ni contact », ont reconnu les enquêteurs. Mais, « alors que l’Etat islamique amorçait son déclin et perdait de l’influence, l’organisation avait tout intérêt à revendiquer l’attaque de Nice », a souligné l’enquêtrice de la Sdat.
Le groupe djihadiste a revendiqué la paternité de l’attaque le 16 juillet 2016. La cour devait entendre ce jeudi après-midi un autre enquêteur de la DGSI à propos de ces messages de revendication.