Affaire Sophie Le Tan : La peine maximale requise contre Jean-Marc Reiser

ASSISES La réclusion criminelle à perpétuité assortie de 22 ans de sûreté a été requise contre le meurtrier présumé de Sophie Le Tan. Jean-Marc Reiser connaîtra son sort mardi

T.G. avec AFP
L'entrée de la cour d'assises, à Strasbourg, où est jugée depuis huit jours Jean-Marc Reiser.
L'entrée de la cour d'assises, à Strasbourg, où est jugée depuis huit jours Jean-Marc Reiser. — T. Gagnepain
  • Le procès de Jean-Marc Reiser, l’assassin présumé de Sophie Le Tan en 2018, touche à sa fin.
  • Ce lundi, l’avocat général a requis une peine de réclusion criminelle à perpétuité assortie de 22 ans de sûreté contre Jean-Marc Reiser.
  • Gérard Welzer, avocat de la famille le Tan, a, fustigé le « bagout » et le « baratin » de l'accusé Reiser, selon lui « manipulateur roi ».

La peine maximale. La réclusion criminelle à perpétuité, assortie de 22 ans de sûreté, a été requise, lundi, à l’encontre de Jean-Marc Reiser. L’assassin présumé de Sophie Le Tan avait reconnu en janvier 2021 avoir tué et démembré la jeune étudiante mais a toujours nié toute préméditation.

« Sans surprise, je vous demanderai de répondre oui à la question de savoir s’il a volontairement donné la mort. Et à la question de la préméditation, je vous demanderai aussi de répondre oui », a lancé aux jurés de la cour d’assises du Bas-Rhin l’avocat général, Laurent Guy. Celui-ci a requis « une peine extrêmement lourde » : la réclusion criminelle à perpétuité, assortie de 22 ans de sûreté, la plus lourde encourue par Jean-Marc Reiser, jugé pour assassinat.

« L’arrivée de Sophie Le Tan dans cet appartement ne doit rien au hasard (…) C’est bien dans un piège qu’elle est tombée », a insisté l’avocat général, évoquant « un rayon de soleil brisé net » par une « ombre noire, sombre, glaçante ».

« Manipulateur roi »

« Vous rendrez à Sophie l’humanité que Jean-Marc Reiser lui a enlevée », avait lancé dans la matinée aux jurés Rémi Stéphan, l’un des avocats de la famille pour qui la préméditation « ne fait aucun doute ». « Il s’organise pour attirer sa proie dans sa toile », a encore relevé l’avocat. Par sa « malheureuse rencontre avec Jean-Marc Reiser », Sophie « avait rendez-vous avec la mort ».

Me Gérard Welzer, l'avocat de la famille de Sophie le Tan, a, lui, fustigé le « bagout » et le « baratin » d’un Reiser, selon lui « manipulateur roi ». « Le seul qui connaît la vérité, c’est Jean-Marc Reiser et il ne l’a pas dite », a-t-il lancé aux jurés.

Mardi, Jean-Marc Reiser, 61 ans, aura une dernière fois la parole avant le verdict. Malgré son arrestation une semaine après la disparition de Sophie Le Tan le 7 septembre 2018, jour de ses 20 ans, l’accusé, déjà condamné notamment pour viols, a mis plus de deux ans à reconnaître avoir tué l’étudiante.

Selon lui, il avait beaucoup bu la veille, l’a rencontrée en bas de chez lui, se rappelant alors avoir fixé un rendez-vous pour faire visiter son appartement. Alors que des voisins ont témoigné avoir vu Sophie arriver seule dans l’immeuble, lui affirme être monté avec elle jusqu’au 6e étage. Il lui prend la main, veut l’embrasser sur la joue. Elle le repousse, l’insulte, ce qui le plonge dans un « état de fureur » incontrôlable. Ses poings et ses pieds se déchaînent sur la jeune femme, elle chute lourdement et ne réagit plus.

Cela « ne relève pas de la réalité mais d’une version faite pour coller au mieux aux éléments récoltés » par les enquêteurs, a contesté l’avocat général. « On ne sait toujours pas de quoi est morte Sophie Le Tan ».

« La rencontre fortuite ne tient pas »

Puis, « je l’ai déshabillée pour la démembrer » avec une scie à métaux, avait dit vendredi Jean-Marc Reiser. D’abord les jambes puis la tête pour que cela rentre dans des valises. Seule une partie du squelette de Sophie Le Tan a été retrouvée, par hasard, dans une forêt des Vosges en octobre 2019. « Le fait d’avoir tué une jeune fille qui aurait pu être ma fille, d’avoir démembré son corps, cela me hante depuis ce jour-là et ça me hantera jusqu’à la fin de ma vie », avait affirmé l’accusé.

Des regrets, suivis d’une demande de pardon que la famille très éprouvée de Sophie rejettera, contestant sa sincérité. Jean-Marc Reiser affirme n’avoir pas voulu la tuer. Toutefois, il est jugé pour assassinat et donc pour avoir préparé son acte, ce que, selon l’accusation, démontrent les annonces immobilières fictives à destination d’étudiants et ses multiples lignes téléphoniques aux fausses identités.

L’avocat général a encore souligné la « particulière méticulosité de la préparation des faits » de la part de Jean-Marc Reiser, attiré « par les femmes asiatiques », qui a « choisi d’œuvrer chez lui, en terrain connu, là où il a la parfaite maîtrise ».

La thèse de « la rencontre fortuite ne tient pas », a insisté Laurent Guy. A l’appui de la thèse de la préméditation, les avocats des parties civiles ont de nouveau tenté, lundi, de faire ressurgir le spectre de Françoise Hohmann, jeune et jolie VRP disparue en 1987 après avoir sonné à la porte de M. Reiser. Il avait été acquitté en 2001 dans ce dossier. La mère de Françoise Hohmann est présente chaque jour au procès.