Armée : L’État condamné pour faute inexcusable après l’irradiation d’un technicien de sous-marin nucléaire
DÉFENSE Un ancien électronicien de la base de Brest est tombé malade après avoir travaillé « sans protection » à bord des sous-marins nucléaires de la base de l’Ile Longue, dans le Finistère
Le hasard du calendrier est cruel pour l’État français. Alors qu’il s’apprête à célébrer l’entrée en service du premier sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) français de nouvelle génération ce vendredi, il vient de voir la justice le condamner pour faute inexcusable après la maladie d’un ancien salarié de l’Ile Longue, à Brest (Finistère). Un jugement qui risque de faire causer ce vendredi, alors que le nouveau ministre des Armées Sébastien Lecornu vient inaugurer le sous-marin le Suffren.
Le tribunal judiciaire de Brest a condamné la Direction des constructions navales, détenue à 100 % par l’Etat à l’époque des faits, pour faute inexcusable dans la survenance d’une myélodysplasie, une forme de leucémie, chez un ancien électronicien de la base de l’Ile Longue. L'homme a été exposé durant son activité professionnelle, entre 1980 et 2011, aux rayonnements de têtes nucléaires. L’annonce a été faite jeudi par l’association de soutien aux victimes Henri-Pézerat. «Ce jugement est d’une importance décisive dans la reconnaissance par la justice des graves préjudices subis par les travailleurs irradiés de l’Ile Longue».
D'autres dossiers encore à l'instruction
L’ancien ouvrier «a été exposé sans protection individuelle ou collective adaptée durant une trentaine d’années d’activité professionnelle à plusieurs agents cancérigènes entrés en synergie les uns avec les autres, et notamment des rayonnements neutroniques. Les plus dangereux», indique l’association.
Le tribunal a ordonné la majoration à son maximum de la rente versée à l’ancien ouvrier dont la maladie a été reconnue professionnelle il y a un an. D’autres dossiers sont en instruction pour reconnaissance en maladie professionnelle. Ce n’est pas la première fois que la faute inexcusable du ministère des Armées est reconnue par la justice.