Enquête pour « injures non publiques » après les insultes d’un policier au sujet d’une femme venue porter plainte pour agression
BAVURE La peine encourue est une amende de 1.500 euros
Sur un enregistrement, un policier traite une femme qui a dénoncé une agression sexuelle de « pute ». Elle a porté plainte et une enquête pour « injures non publiques » a été ouverte, selon des informations obtenues ce mercredi auprès du parquet de Paris.
« A la suite du dépôt de plainte réalisé mardi dans les locaux de l’Inspection générale de la police nationale, une enquête préliminaire a été ouverte du chef d’injures non publiques », a indiqué le parquet de Paris. La peine encourue est une amende de 1.500 euros.
Un téléphone mal raccroché
La jeune femme de 34 ans avait déposé une première plainte dans la nuit du 4 au 5 février auprès de policiers du commissariat des Ve et VIe arrondissements de Paris pour « agression sexuelle en état d’ivresse », a indiqué Mediapart mardi.
Un policier de ce commissariat l’avait rappelée à la mi-journée et lui avait laissé un message vocal pour lui demander de venir compléter sa plainte. Croyant avoir raccroché, on entend le fonctionnaire plaisanter avec une de ses collègues : « je la rappellerai de toute façon parce que là, elle doit être en train de cuver ! »
« Grosse pute »
Lisant ensuite à haute voix un extrait de la plainte de la jeune femme, il ajoute : « Elle n’a pas de sens la plainte en fait ». « Ah évidemment elle refuse la confrontation », dit-il ensuite.
« C’est vraiment une pute. (…) Putain, elle refuse la confront' en plus la pute. Comme par hasard. En fait c’était juste pour lui casser les couilles, je suis sûr. (…) Putain, grosse pute », conclut-il, avant que le combiné soit bien raccroché.
Des « propos inadmissibles »
Cette affaire a suscité de nombreuses critiques, notamment au sein des milieux féministes qui dénoncent régulièrement la mauvaise prise en compte par les forces de l’ordre des victimes de violences sexuelles. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a estimé mercredi que ce policier n’avait « plus sa place » au sein de la police nationale.
Le préfet de police Didier Lallement a lui condamné mardi « des propos inadmissibles » et annoncé avoir saisi la « police des polices » (IGPN) d’une enquête administrative et a demandé la suspension du policier à titre conservatoire.