Affaire Tariq Ramadan : Amende requise en appel contre le théologien pour avoir révélé le nom d’une femme l’accusant de viol
ANONYMAT L’islamologue avait cité le vrai nom de celle qui se fait appeler « Christelle » pour la procédure 84 fois dans son livre ainsi que lors d’une interview sur BFMTV
« Le combat fondamental est de la désigner, de l’intimider. » Me Basile Ader, avocat de celle qui se fait appeler « Christelle » dans la procédure, dénonce avec force la révélation du nom de sa cliente par Tariq Ramadan, qu’elle accuse de viol. « Il l’a donné à 84 reprises dans son ouvrage, parfois 3 fois sur une même page. Il le fait avec insistance lorsqu’il est interviewé par BFMTV », ajoute-t-il.
En novembre 2020, Tariq Ramadan, mis en examen pour des viols commis sur cinq femmes, ce qu’il conteste, avait été condamné à 3.000 euros d’amende, dont 2.000 avec sursis, pour avoir donné le véritable nom de celle qui se présente dans les médias comme « Christelle » et l’accuse de l’avoir violée dans une chambre d’hôtel à Lyon en 2009. L’avocate générale a demandé jeudi à la cour d’appel de Paris de confirmer le jugement prononcé en première instance.
Aucune autorisation de la plaignante
Il était reproché à l’islamologue d’avoir enfreint la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, qui interdit de « diffuser des renseignements concernant l’identité d’une victime d’une agression ou d’une atteinte sexuelle » sans son accord écrit. « Je sollicite la cour pour confirmer le jugement en première instance. Ils n’ont pas eu l’autorisation [de diffuser son nom]. Ils ne l’ont jamais eu », a indiqué l’avocate générale dans son réquisitoire.
« D’abord, je savais son identité et si j’avais voulu être malveillant je l’aurais dit tout de suite », a soutenu Tariq Ramadan devant la cour d’appel, indiquant que sa position avait toujours été « claire et cohérente ». « Si vous lisez le livre, je suis d’une rigueur extrêmement stricte. Sur cinq situations [concernant les cinq femmes qui l’accusent] je me suis aligné sur ce qui apparaissait sur la place publique », a-t-il affirmé.
Mais selon Me Ader, sa cliente a souhaité avec la « plus grande rigueur que son anonymat soit respecté » et il n’y a aucune justification à divulguer son nom « avec insistance ». « On cherche en vain en quoi le fait de dire le nom de notre cliente, qui n’est pas commun, plutôt que Christelle qui est le nom sous lequel elle est connue, change les arguments de défense » du théologien, plaide-t-il.