Pontoise : Un homme jugé pour assassinat, soupçonné d’avoir tendu un « piège » à un homosexuel

PROCES L'accusé, âgé de 22 ans, est soupçonné d’avoir poignardé à mort un homme de 55 ans rencontré sur un site de rencontres gay

Caroline Politi
Un homme est jugé pour assassinat, soupçonné d'avoir tué un homme rencontré sur un site de rencontre gay.
Un homme est jugé pour assassinat, soupçonné d'avoir tué un homme rencontré sur un site de rencontre gay. — Pacific Press/SIPA
  • Le procès d'un homme de 22 ans, soupçonné d'assassinat s'ouvre ce lundi devant la cour d'assises de Pontoise.
  • Il est soupçonné d'avoir tué un homme de 55 ans rencontré sur un site de rencontre gay.
  • S'il reconnaît les faits, il nie la préméditation.

Ce 22 janvier 2018, les policiers de Jouy-le-Moutier, dans le Val-d’Oise, n’ont pas encore passé le pas de la porte du pavillon de Michel S., 55 ans, que, déjà, des traces de sang présagent du pire. A l’intérieur, ils découvrent la victime, employé sans histoire dans un office notarial parisien, le visage tuméfié, de nombreuses plaies sur le corps, gisant dans le salon. Les murs de l’entrée et de la cuisine, maculés de sang, témoignent de la violence de l’agression. A partir de ce lundi et pour une semaine, un homme de 22 ans est jugé pour assassinat devant les assises de Pontoise, soupçonné d’avoir tendu un piège à la victime, homosexuelle.

Si les enquêteurs de la brigade criminelle de Versailles ont noté la disparition de la voiture de Michel S., pouvant laisser penser à un cambriolage ayant mal tourné, ils ont également établi que ce dernier avait rendez-vous, la veille, avec un homme rencontré sur un site de rencontres gay. Rapidement identifié et interpellé trois jours plus tard, le suspect, Mohamed E. a reconnu presque sans détour le meurtre tout en niant avoir prémédité son acte. Selon son récit, la victime se serait montrée insistante malgré son refus d’avoir une relation sexuelle, l’empêchant même de quitter le pavillon. Une violente bagarre se serait alors engagée, au cours de laquelle il se serait saisi d’un couteau et l’aurait poignardé.

Un rapprochement avec deux agressions

Mais sa version des faits peine à convaincre les enquêteurs. La description qu’il livre de la victime tranche radicalement avec celle que font de lui ses proches, un homme non-violent et respectueux. Les enquêteurs s’interrogent également sur les dernières recherches Google du mis en cause. Pourquoi, deux jours avant le meurtre, s’est-il renseigné sur une « machine pour aiguiser les couteaux » ? Quid également de ces textos envoyés à un de ses contacts avant leur premier rendez-vous, fin décembre : « t la, y a un mec j’lui ai donné rdv ? », « t la si y a un mec y vient ? »

Un rapprochement est fait avec deux autres agressions, commises quelques semaines auparavant dans le même secteur : deux hommes roués de coups, poignardé pour l’un d’entre eux, et détroussés alors qu’ils se rendaient à un rendez-vous avec un prétendant rencontré sur ce même site de rencontres. A la place, un trio masqué s’était pointé. Sans être formelles, les deux victimes estiment que Mohamed E. était le porteur du couteau. En garde à vue, l’un de ses complices présumés, a partiellement reconnu les faits, affirmant que ces guets-apens visaient à détrousser des hommes. Le procès de ce volet de l’affaire n’a pas encore eu lieu.

Réclusion criminelle à perpétuité

L’assassinat de Michel S. – perpétré cette fois par un seul homme – obéit-il aux mêmes ressorts ? Sans entrer dans les détails du dossier, son avocat Me Aloïs Blin, promet lors du procès une « défense d’explication ». « Il n’y a pas de débat sur qui a tué Michel S », précise-t-il. Les audiences seront néanmoins très largement consacrées au profil psychiatrique de l’accusé qui affirme entendre des voix. L’un de deux collèges de psychiatres qui l’a examiné a reconnu une « altération de son discernement ». L’un d’eux évoque « un contexte névrotique structuré par la dynamique conflictuelle de la problématique homosexuelle ». « La question de son identité sexuelle aurait entraîné un malaise intense auquel il aurait réagi en tournant son agressivité vers les autres », complète une psychologue.

Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.