Espagne : Les parents poursuivis pour violence en fonction du genre seront privés de visite à leurs enfants
LOI Une nouvelle loi prévoit de retirer le droit de visite aux parents lorsqu’une procédure pénale est engagée à leur encontre pour certains types de violence
L'Espagne s’arme d’une loi pour prévenir des violences à l’encontre des enfants. Entrée en vigueur vendredi, une nouvelle réforme du Code civil espagnol permet désormais à la justice de retirer le droit de visite ou de le refuser aux parents lorsqu’une « procédure pénale » aura été « entamée » contre eux. Ainsi, les parents ne disposant pas de la garde de leurs enfants ne pourront pas les voir s’ils sont poursuivis pour avoir tué ou tenté de tuer, agressé ou abusé de leur partenaire ou de leurs enfants ou lorsqu’il existe « des indices fondés de violence domestique ou de genre ».
Dans certains cas, un juge pourra toutefois autoriser des visites ou des prises de contact « en prenant toujours en compte l’intérêt supérieur de l’enfant (…) et en évaluant préalablement la situation de la relation » entre le parent et l’enfant.
Un double infanticide bouleverse l’Espagne
Cette réforme, entrée en vigueur vendredi, avait été publiée dans le bulletin officiel début juin, quelques jours avant un double infanticide ayant bouleversé l'Espagne. Deux petites filles de six et un an avaient été portées disparues le 27 avril après être parties avec leur père. Le corps de l’une d’entre elles a été retrouvé en juin en pleine mer, au large des Canaries, au fond de l’océan, dans un sac lesté par une ancre de bateau.
Selon la justice, l’hypothèse la « plus probable » est que le père, qui n’acceptait pas la séparation avec la mère de ses filles, a tué ses filles pour « infliger à son ancienne compagne la plus grande douleur qu’il pouvait imaginer ».
Pionnier dans la lutte contre les violences machistes
L'Espagne est un pays pionnier en matière de lutte contre les violences machistes et a été notamment le premier pays européen à avoir adopté en 2004 une loi faisant du genre de la victime une circonstance aggravante en cas d’agression.
Depuis 2003, le pays comptabilise officiellement les féminicides. 1.111 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint depuis cette date dont 33 depuis le début de l’année 2021, selon les statistiques officielles.