Douai : Laissé pour mort par ses agresseurs, il craint de ne « jamais savoir la vérité » au procès
PROCES La cour d’assises du Nord, à Douai, doit juger trois accusés, après qu’un père de famille a échappé à la mort par miracle après une agression, en mai 2015
- En mai 2015, Fabien L. est resté entre la vie et la mort après avoir été agressé.
- Trois accusés comparaissent devant la cour d’assises, à Douai, pour tentative d’homicide aggravé et complicité. Ils risquent la réclusion à perpétuité
- Souffrant d’un traumatisme crânien, la victime est aujourd’hui handicapée.
« Ils ont détruit toute notre vie. » Pour Cathy L., la vie a basculé en une nuit de 2015. Laissé pour mort après une agression, son mari, Fabien, est aujourd’hui handicapé, victime d’un traumatisme crânien. Le couple va retrouver, jeudi, sur le banc des accusés des assises du Nord, à Douai, trois jeunes hommes accusés de tentative d’homicide aggravé ou de complicité.
Il y a bientôt six ans, le 28 mai 2015, à 6 heures du matin, les gendarmes sont alertés par un riverain réveillé par le bruit d’une grosse détonation. Une voiture est en feu dans un champ entre Phalempin et Camphin-en-Carembault, au sud de Lille. A leur arrivée, les gendarmes découvrent le corps d’un homme totalement nu, gisant à côté d’une Opel Corsa calcinée.
Rouée de coups et aspergée d’essence
La victime a été rouée de coups et aspergée d’essence pour être brûlée. Que s’est-il passé cette nuit-là ? La piste d’un règlement de compte est vite abandonnée. La victime, père de trois enfants, est inconnue des services de police. Entre la vie et la mort pendant plusieurs jours, elle a perdu la mémoire.
Cependant plusieurs témoignages et le visionnage de vidéosurveillance orientent assez vite les enquêteurs de la gendarmerie vers un trafic de drogue qui avait lieu non loin du domicile de la victime, à Libercourt, dans le Pas-de-Calais. Une reconstitution des faits commence à se dessiner.
Ce matin-là, comme tous les matins, Fabien L. a l’intention d’aller faire son jogging matinal avant d’aller travailler. Il s’aperçoit que son chien a disparu et part à sa recherche dans le quartier avec sa voiture, à Libercourt, dans le Pas-de-Calais. Il tombe sur un groupe d’individus, dont certains ont été déjà condamnés pour des vols et du trafic de stupéfiants.
Un suspect parti en Algérrie
Cette nuit-là, à en croire des témoins, certains sont alcoolisés. La discussion s’envenime et Fabien L. est frappé d’un coup de bouteille sur la tête. Il tombe. Des membres du groupe s’acharnent sur lui. Inanimé, il est transporté dans le coffre de sa voiture jusque dans un champ, à une dizaine de kilomètres de là. Ses agresseurs partent chercher de l’essence à une station-service et mettent le feu à sa voiture. Fabien L. sera sorti in extremis de l’habitacle par un des individus. Les agresseurs s’enfuient.
Le 25 novembre, six mois après les faits, les gendarmes procèdent à une vague d’interpellations. Deux jeunes hommes, Mohamed B., 22 ans au moment des faits, et Bilal B., 21 ans, sont mis en examen et placés en détention provisoire. Un troisième suspect, Mohamed A., 19 ans, est parti en Algérie. Il est arrêté par les autorités algériennes en mai 2016 avant d’être renvoyé en France, en mars 2017, où il est à son tour mis en examen et incarcéré.
« Je suis persuadé que je ne saurai jamais la vérité »
Lors des auditions et de la reconstitution, organisée en avril 2018, Bilal B. et Mohamed A. vont nier les faits. « Ça a été un moment très douloureux. Quand on est allés dans le champ où la voiture a été brûlée, je n’ai pas pu rester », raconte Cathy L., la femme de la victime.
Pourquoi s’en être pris aussi violemment à Fabien L., cette nuit-là ? « Je suis persuadé que je ne saurai jamais la vérité », déplore ce dernier, en s’exprimant difficilement. Le procès doit durer six jours. Les trois accusés risquent la réclusion à perpétuité.