« Gilet jaune » éborgné à Rennes : Un policier finalement mis en examen pour « blessures involontaires »

MANIFESTATION Gwendal Leroy avait été atteint par une grenade de désencerclement en fin de manifestation le 19 janvier 2019

C. A. avec AFP
Gwendal Leroy, 27 ans, participait à l'acte 10 des gilets jaunes le 19 janvier à Rennes lorsqu'il a été atteint à l'œil par un tir de grenade.
Gwendal Leroy, 27 ans, participait à l'acte 10 des gilets jaunes le 19 janvier à Rennes lorsqu'il a été atteint à l'œil par un tir de grenade. — Fred Tanneau / AFP

Le magistrat instructeur n’avait pas jugé bon de le poursuivre. Un an après, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes a infirmé cette décision et mis en examen un policier pour « blessures involontaires ». Il est soupçonné d’avoir lancé une grenade de désenserclement qui avait touché un manifestant lors d’un rassemblement de « gilets jaunes » organisé le 19 janvier 2019 à Rennes. Ce jour-là, Gwendal Leroy, 27 ans, avait perdu un œil alors qu’il quittait la manifestation. Il avait porté plainte contre X et contre l’État.

Le parquet avait ouvert une information judiciaire le 27 décembre 2019 mais le policier n’avait pas été poursuivi. Il aura fallu un appel du parquet pour que la chambre de l’instruction de la cour d’appel infirme cette ordonnance le 2 octobre 2020. Le procureur de la République l’a confirmé ce jeudi, ajoutant que l’information judiciaire se poursuivait. « Aucune responsabilité de policier ou de gendarme ne sera bradée, mais aucune ne sera éludée », a précisé le procureur dans un mail.

« J’ai vu un flash, une explosion, violente »

Quatre mois après sa mutilation, ce cariste de profession avait raconté ce qu’il avait vécu, confiant avoir le sentiment d’avoir perdu ce jour-là son « droit de manifester ». « Il était temps qu’on rentre, on avait deux heures de route. Et en remontant la rue, arrivé au niveau des arrêts de bus, j’ai entendu une grenade atterrir à mes pieds. On entend le bruit, on se retourne et donc là j’ai vu un flash, une explosion, violente », avait-il déclaré.

« J’ai senti quelque chose qui m’a percuté le visage. Donc je n’estimais pas encore avoir perdu l’usage de l’œil, je sentais que c’était comme un coup de poing, se souvenait-il. C’est le lendemain que j’ai appris que j’avais perdu l’usage de mon œil. »

A Rennes déjà, un étudiant avait perdu un œil lors d’une manifestation contre la loi Travail en 2016. Jean-François Martin avait été touché par un tir de LBD.