Lyon : Un homme condamné à 20 ans de réclusion criminelle pour avoir martyrisé et tué sa femme

ASSISES L’homme, jugé cette semaine aux assises, a fait vivre un calvaire à sa femme, mère de trois enfants, retrouvée morte en juillet 2018 à Villefranche-sur-Saône, près de Lyon

20 Minutes avec AFP
Lyon, le 13 mars 208. Illustration à la cour d'assises du Rhône, à Lyon
Lyon, le 13 mars 208. Illustration à la cour d'assises du Rhône, à Lyon — E. Frisullo / 20 Minutes

Une terrible emprise psychologique et un long calvaire. La cour d'assises du Rhône a condamné jeudi un homme à 20 ans de réclusion criminelle pour avoir tué sa femme, retrouvée sans vie en 2018 à leur domicile avec 80 traces de coups sur le corps.

La peine de Selim Fersi, 45 ans, a été assortie d’une période de sûreté de 13 ans, d’un suivi sociojudiciaire de sept ans – avec 5 ans de détention supplémentaire en cas de non-respect – ainsi que de la déchéance de l’autorité parentale. Il était jugé pour meurtre et violences habituelles par conjoint. Sa femme Stéphanie, 35 ans, mère de trois enfants, avait été retrouvée le 26 juillet 2018 à Villefranche-sur-Saône, au nord de Lyon,  couverte d’hématomes et de contusions.

La cour d’assises a retenu une altération du discernement de l’accusé, notée par les experts mais que l’avocat général avait demandé d’écarter en requérant 25 ans de réclusion. Pour lui, ce « cas de féminicide » relevait d’une « extrême violence » : la victime a subi « un martyre » avant de trouver la mort sous les coups de son mari, a exposé David Laumonnier.

Battue, surveillée, coupée du monde

L’autopsie a révélé des fractures au nez et aux côtes. Et l’enquête a montré les mécanismes d’une redoutable emprise psychologique. Privée de téléphone, surveillée en permanence, Stéphanie Fersi s’est progressivement coupé du monde, sous le regard impuissant de sa famille.

Elle avait rencontré Selim Fersi à l’âge de 18 ans. Livreur dans le restaurant où elle travaillait, il était venu de Tunisie avec un visa de trois mois. Après leur mariage en 2004, les parents ont remarqué un changement de comportement de leur fille. « Il y avait de l’isolement, on n’arrivait plus à se parler », a dit sa mère à la barre.

Sandra, la sœur, a évoqué un SMS reçu de Stéphanie, montrant un œil au beurre noir. « Elle n’était plus la même personne, elle avait changé, elle ne sortait plus », a-t-elle témoigné par visioconférence. Les proches avaient remarqué des traces de coups sous le maquillage de la victime. Ils l’ont incitée à divorcer, sans parvenir à interrompre le processus à l’œuvre.

« Un délire de jalousie »

Selim Fersi s’était persuadé que sa femme le trompait avec un voisin, hypothèse écartée par les enquêteurs. Pour les experts psychiatres, l’accusé était en proie à « un délire de jalousie » et une « psychose paranoïaque » pouvant justifier une atténuation de sa responsabilité pénale. L’avocat général a demandé à la cour de ne pas la retenir pour pouvoir condamner l’accusé plus sévèrement car « s’il fixe son délire sur quelqu’un d’autre, cela risque de se reproduire ».

« Je n’ai jamais pensé à la tuer », a déclaré ce dernier à l’issue des trois jours de procès, reconnaissant des coups mais réfutant l’asphyxie ou la strangulation mentionnées par les légistes. Son avocat, Me Jean-Paul Francou, a plaidé l’acquittement pour le meurtre, réclamant une condamnation pour violences volontaires « au maximum de cinq ans », au curieux motif que l’incapacité totale de travail de la victime, du fait des coups reçus, n’avait pas été calculée par les experts.