Coronavirus à Montpellier : Les propriétaires de l’infirmière forcée à déménager par peur du Covid-19 seront poursuivis
CORONAVIRUS L’histoire de cette infirmière anesthésiste au CHU de Montpellier contrainte de quitter son logement avait suscité une vive émotion. Le parquet a annoncé ce mercredi l’ouverture de poursuites judiciaires à l’encontre des propriétaires
- L’histoire de cette infirmière anesthésiste au CHU de Montpellier, contrainte de déménager parce que ses propriétaires avaient peur qu’elle ne leur transmette le coronavirus, avait suscité une vive émotion, jusqu’au ministre du logement.
- Le parquet de Montpellier a décidé de poursuivre les propriétaires pour emploi de voies de fait ou contrainte pour forcer des personnes à quitter leur lieu d’habitation, harcèlement moral, atteintes à l’intimité de la vie privée, dégradations volontaires légères.
- Ils seront jugés le 29 juin par le tribunal correctionnel de Montpellier.
Les propriétaires de l’infirmière forcée à quitter son domicile par peur de transmission du coronavirus font l’objet de poursuites judiciaires, a appris 20 Minutes auprès du procureur de la République, Fabrice Belargent.
Le 31 mars, les gendarmes de la compagnie de Castelnau-le-Lez sont intervenus pour assister une personne, exerçant par ailleurs la profession d’infirmière au CHU de Montpellier. Elle avait été contrainte, ainsi que sa famille, de quitter l’habitation qu’elle occupait. Un logement situé juste en-dessous de celui occupé par ses propriétaires.
Harcèlement moral, voie de faits, dégradations volontaires…
Deux jours plus tard, le parquet de Montpellier avait ouvert une enquête préliminaire. A l’issue de celle-ci, les propriétaires avaient été placés en garde à vue. Ce mercredi, les deux personnes ont été présentées au parquet et se sont vues notifier une convocation par procès-verbal à l’audience du tribunal correctionnel de Montpellier du 29 juin. Les propriétaires du logement font l’objet de poursuites pour emploi de voies de fait ou contrainte pour forcer des personnes à quitter leur lieu d’habitation, harcèlement moral, atteintes à l’intimité de la vie privée, dégradations volontaires légères.
Mélina, infirmière anesthésiste au CHU de Montpellier, avait pourtant pris toutes les précautions pour ne pas contaminer ses proches et sa famille. « Ma fille a un petit appartement de 25 mètres carrés à Montpellier, à proximité de l’hôpital, où elle vit avec sa fille de trois ans, a-t-elle expliqué lorsqu’elle a rendu public sa situation. Au début du confinement, j’ai demandé à ma fille, ma petite fille et ma mère de venir habiter à Montarnaud avec mon concubin et moi j’ai pris la décision d’habiter dans l’appartement de ma fille. J’en ai informé la propriétaire qui m’a dit rapidement que ces personnes devaient dégager, qu’elles allaient lui apporter le virus ».
« On s’en fout que vous attrapiez le virus du moment que vous ne mourrez pas chez nous. »
La mère de Mélina souffre de problèmes pulmonaires. En la confinant à Montarnaud, avec sa famille, elle pensait pouvoir la protéger. Elle avait dû la remettre en maison de retraite. L’infirmière a expliqué que les propriétaires coupaient le chauffage et l’eau chaude pour les forcer à partir et les réveillait en faisant très tôt un maximum de bruit. « Ma fille et ma mère pleuraient tous les jours, ce n’était plus possible ».
Mélina explique que la propriétaire lui a jeté à la figure cette phrase douloureuse pour celle qui se dévoue pour sauver des vies : « On s’en fout que vous attrapiez le virus et que vous mourriez avec. Du moment que vous ne mourrez pas chez nous. » A La Gazette de Montpellier qui a révélé l’affaire, les propriétaires auraient expliqué « qu'ils ne respectaient pas le bail » (le logement étant prévu pour accueillir deux personnes). « Ces gens n’avaient pas à venir chez nous (…) il y avait cette grand-mère qui était dans un établissement pour personnes âgées. On sait bien que ce sont des endroits à risques. Nous ne voulions pas de ça chez nous ».