Aide aux migrants: En appel, huit à dix mois de prison avec sursis requis contre Cédric Herrou
NOUVEAU PROCES L’agriculteur de la vallée de la Roya est rejugé après la consécration du « principe de fraternité » par le Conseil constitutionnel
- Cédric Herrou est rejugé en appel, après la consécration du « principe de fraternité » par le Conseil constitutionnel, pour « aide à l’entrée illégale sur le territoire français ».
- L’avocat général a requis huit à dix mois de prison avec sursis à son encontre devant la cour d’appel de Lyon.
- La décision a été mise en délibéré au 15 avril.
Pour l’avocat général, « l’immunité ne peut pas s’appliquer ». Le représentant du parquet a requis mercredi soir à Lyon huit à dix mois de prison avec sursis contre Cédric Herrou, symbole de l'aide aux migrants rejugé en appel après la consécration du « principe de fraternité » par le Conseil constitutionnel en 2018. La décision a été mise en délibéré au 15 avril.
L’aide à l’entrée illégale sur le territoire français n’a pas été retenue par les « sages » et ne bénéficie pas de l’immunité humanitaire. « Cédric Herrou a admis à plusieurs reprises la matérialisation de cette infraction », a tranché Fabrice Tremel devant la cour d’appel de Lyon. « Il a fait le choix d’être, au sens propre du terme, un hors-la-loi. Il sait qu’il a franchi la ligne jaune », a aussi estimé l’avocat général. Cédric Herrou « n’avait pas un but exclusivement humanitaire mais une revendication idéologique, militante », a-t-il dit.
« Ni d’autre but, qu’un but humanitaire »
« Non, cette aide apportée aux migrants n’avait pas pour lui d’autre sens, ni d’autre but, qu’un but humanitaire », a plaidé Me Sabrina Goldman, l’une des deux conseils de Cédric Herrou, en demandant la relaxe. Me Zia Oloumi a estimé qu’il s’agissait « d’un procès d’intention », insistant sur « la vacuité de ce dossier pour les faits d’entrée illégale ». « Si on parle de mineurs ou de demandeurs d’asile, il n’y a pas de situation irrégulière. »
L’agriculteur de la vallée de La Roya, à la frontière franco-italienne, avait saisi le Conseil constitutionnel après avoir été condamné en août 2017 à quatre mois de prison avec sursis par la cour d’appel d’Aix-en-Provence pour avoir convoyé quelque 200 migrants, principalement érythréens et soudanais, jusque chez lui et organisé un camp d’accueil.
Le 6 juillet 2018, les « sages » consacraient le « principe de fraternité ». « Une aide désintéressée aux migrants, qu’elle soit individuelle ou militante et organisée, ne doit pas être poursuivie », tranchait alors le Conseil constitutionnel. En découle « la liberté d’aider autrui, dans un but humanitaire, sans considération de la régularité de son séjour sur le territoire national ». En cassation, la Cour a annulé en décembre 2018 la condamnation de Cédric Herrou, renvoyant l’affaire devant la cour d’appel de Lyon.
« Comment la solidarité peut-elle être un délit ? »
La Cour de cassation « a demandé à la Cour d’appel de Lyon de juger ce dossier à la lumière du nouveau texte » de la loi Asile et immigration, avait expliqué en début d’audience le président Jean-Jacques Baudino.
« Comment la solidarité peut-elle être un délit ? », s’est-il exclamé. « Ce que l’on a fait, poursuit-il, c’est venir en aide par humanité à des gens en détresse. Et les aider à déposer une demande d’asile ». Depuis avril 2017, explique-t-il, « on a d’ailleurs monté un protocole avec la gendarmerie pour que ces personnes puissent accéder à la demande d’asile et que les mineurs soient protégés ».