Nice : 35 minutes de cauchemar et un procès de trois semaines pour la première fusillade scolaire en France

ASSISES DES MINEURS Killian, 16 ans, était entré armé jusqu’aux dents dans son lycée de Grasse avec l’intention d’abattre une dizaine d’élèves

Fabien Binacchi
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Des élèves dans des couvertures de survie devant le lycée Tocqueville à Grasse.
Des élèves dans des couvertures de survie devant le lycée Tocqueville à Grasse. — Philippe Farjon/AP/SIPA
  • Le procès de la fusillade qui avait éclaté dans un lycée de Grasse en mars 2017 se tient à Nice pendant trois semaines.
  • Killian, 16 ans au moment des faits et accusé de tentatives d’assassinats, se retrouvera aux côtés d’un complice présumé.
  • Sa personnalité trouble devrait être au centre des débats.

35 minutes. Ce sont 35 minutes de cauchemar que vont revivre les parties civiles présentes au procès hors norme qui s’ouvre ce lundi après-midi et pour trois semaines à Nice, devant la cour d’assises des mineurs des Alpes-Maritimes. Celui de la première fusillade scolaire en France, survenue le 16 mars 2017 au lycée Alexis de Tocqueville, à Grasse.

Ce jour-là, à la pause de midi, Killian, élève de 1re alors âgé de 16 ans, avait fait irruption dans l’établissement avec tout un arsenal volé chez son grand-père et un engin explosif artisanal. Armé, entre autres, d’un fusil de chasse et d’un revolver, il avait blessé cinq personnes, dont le proviseur du lycée, qui avait tenté de le raisonner.

Fasciné par la tuerie américaine de Columbine

Les débats, qui pourraient se tenir à huis clos (l’accusé était mineur au moment des faits), devraient évidemment se concentrer sur la personnalité trouble de Killian. Sa fascination pour la tuerie de Columbine​ aux Etats-Unis, les armes et les images satanistes avait fini par encourager ses parents à lui faire consulter un psychiatre. L’expert avait conclu « qu’il n’y avait aucune raison de s’inquiéter », selon l’avocat du jeune homme en 2017.

Le passage à l’acte avait pourtant été mûrement réfléchi et préparé. Il l’annonçait même dans des vidéos. Y compris la veille du 16 mars 2017. « Tout ça va brûler. Demain, c’est le grand jour. J’aurai ma revanche », lâchait-il en se filmant à l’extérieur du lycée.

Il encourt jusqu’à vingt ans de réclusion

Devant les enquêteurs, il avait clairement expliqué avoir voulu tuer une dizaine d’élèves dont il voulait se venger. Et pour des raisons qu’il avait précisément exposées pendant ses interrogatoires : une parce qu’elle « croyait en Dieu » ou encore un autre car qu’il « était vraiment efféminé ».

Le Raid était intervenu pour maîtriser le jeune homme
Le Raid était intervenu pour maîtriser le jeune homme - F. Binacchi / ANP / 20 Minutes

En détention depuis les faits, il avait fait évoluer sa version, expliquant n’avoir voulu que leur « faire peur ». Accusé de « tentatives d’assassinat », il encourt jusqu’à vingt ans de réclusion criminelle. Un complice présumé, âgé de 17 ans au moment des faits et accusé de l’avoir aidé à préparer la fusillade, devra également s’expliquer.