Bordeaux : Pour éviter une peine, les « décrocheurs » doivent rendre les portraits de Macron

JUSTICE Le tribunal correctionnel a proposé à huit personnes jugées pour avoir subtilisé le portrait de Macron dans des mairies de les rendre pour échapper à une condamnation

20 Minutes avec AFP
Les "décrocheurs" veulent alerter sur l'urgence de la crise climatique et dénoncent l'inaction du gouvernement.
Les "décrocheurs" veulent alerter sur l'urgence de la crise climatique et dénoncent l'inaction du gouvernement. — GEAI LAURENCE/SIPA
  • Huit militants d’ANV COP-21 étaient jugés pour avoir décroché quatre portraits du Président de la République dans des mairies du bassin d’Arcachon.
  • Alors que le parquet avait requis 500 euros d’amende, le tribunal a prié vendredi les prévenus de rendre les portraits afin d’éviter une peine.
  • Les militants, qui dénoncent « l’inaction » du gouvernement contre le réchauffement climatique, refusent de céder à cette décision qu’ils qualifient de « chantage ».

C’est une décision unique depuis les nombreux procès des « décrocheurs », les militants qui subtilisent les portraits du Président de la République dans les mairies pour protester contre « l’inaction » du gouvernement face à la crise climatique. Vendredi, la justice a laissé à huit militants écologistes jugés à Bordeaux un délai pour rendre quatre portraits « décrochés » d’ Emmanuel Macron en ajournant le prononcé du jugement.

Lors du délibéré vendredi, le tribunal correctionnel a rejeté les arguments de relaxe des huit personnes poursuivies, qui avaient décroché fin mai ces portraits présidentiels dans quatre mairies du bassin d’Arcachon. Sans prononcer de peine, le tribunal a proposé aux prévenus de les rendre d’ici le 14 février pour échapper à une condamnation.

Chantage pour les prévenus

« Si les portraits revenaient d’ici le 14 février, il n’y aura pas de peine. Si les portraits ne réapparaissaient pas, vous vous exposez à une peine qui sera sûrement légère », a indiqué le président de la chambre. A l’audience le 13 décembre, le parquet avait requis 500 euros d’amende contre ces militants d’ANV COP-21, qui revendique 134 « réquisitions » de portraits officiels en France.

« Cette décision, c’est du chantage. Nous ne rendrons pas ces portraits avant le 14 février, sauf si Emmanuel Macron prenait des actions concrètes d’ici là », a assuré l’une des prévenus, Aurore Daubisse, étudiante de 27 ans.

Décision unique

Plusieurs procès de « décrocheurs » ont eu lieu ces derniers mois, avec des décisions de justice variables, allant des amendes fermes aux relaxes pour défaut « d’élément intentionnel » ou « état de nécessité ». C’est la première fois depuis le mois de mai et les procès de « décrocheurs » qu’un tribunal décide d’une telle décision de restitution des portraits.

« Je ne comprends pas comment on peut les forcer à rendre un objet qu’ils n’ont plus en leur possession, en effet rien dans la procédure n’indique qu’ils ont encore les portraits », a réagi Nathalie Noël, l’une des avocates des militants bordelais.