Bordeaux : Pour éviter une peine, les « décrocheurs » doivent rendre les portraits de Macron
JUSTICE Le tribunal correctionnel a proposé à huit personnes jugées pour avoir subtilisé le portrait de Macron dans des mairies de les rendre pour échapper à une condamnation
- Huit militants d’ANV COP-21 étaient jugés pour avoir décroché quatre portraits du Président de la République dans des mairies du bassin d’Arcachon.
- Alors que le parquet avait requis 500 euros d’amende, le tribunal a prié vendredi les prévenus de rendre les portraits afin d’éviter une peine.
- Les militants, qui dénoncent « l’inaction » du gouvernement contre le réchauffement climatique, refusent de céder à cette décision qu’ils qualifient de « chantage ».
C’est une décision unique depuis les nombreux procès des « décrocheurs », les militants qui subtilisent les portraits du Président de la République dans les mairies pour protester contre « l’inaction » du gouvernement face à la crise climatique. Vendredi, la justice a laissé à huit militants écologistes jugés à Bordeaux un délai pour rendre quatre portraits « décrochés » d’ Emmanuel Macron en ajournant le prononcé du jugement.
Lors du délibéré vendredi, le tribunal correctionnel a rejeté les arguments de relaxe des huit personnes poursuivies, qui avaient décroché fin mai ces portraits présidentiels dans quatre mairies du bassin d’Arcachon. Sans prononcer de peine, le tribunal a proposé aux prévenus de les rendre d’ici le 14 février pour échapper à une condamnation.
Chantage pour les prévenus
« Si les portraits revenaient d’ici le 14 février, il n’y aura pas de peine. Si les portraits ne réapparaissaient pas, vous vous exposez à une peine qui sera sûrement légère », a indiqué le président de la chambre. A l’audience le 13 décembre, le parquet avait requis 500 euros d’amende contre ces militants d’ANV COP-21, qui revendique 134 « réquisitions » de portraits officiels en France.
« Cette décision, c’est du chantage. Nous ne rendrons pas ces portraits avant le 14 février, sauf si Emmanuel Macron prenait des actions concrètes d’ici là », a assuré l’une des prévenus, Aurore Daubisse, étudiante de 27 ans.
Décision unique
Plusieurs procès de « décrocheurs » ont eu lieu ces derniers mois, avec des décisions de justice variables, allant des amendes fermes aux relaxes pour défaut « d’élément intentionnel » ou « état de nécessité ». C’est la première fois depuis le mois de mai et les procès de « décrocheurs » qu’un tribunal décide d’une telle décision de restitution des portraits.
« Je ne comprends pas comment on peut les forcer à rendre un objet qu’ils n’ont plus en leur possession, en effet rien dans la procédure n’indique qu’ils ont encore les portraits », a réagi Nathalie Noël, l’une des avocates des militants bordelais.