VIDEO. Suicides à France Télécom : Les anciens dirigeants condamnés à 4 mois de prison ferme, l’ex-PDG fait appel
JUGEMENT L’entreprise, elle, a été condamnée en tant que personne morale à une amende de 75.000 euros
France Télécom et ses anciens dirigeants, dont l'ex-PDG Didier Lombard, ont été condamnés vendredi à Paris pour «harcèlement moral», dans un procès inédit qui s’est tenu dix ans après plusieurs suicides de salariés.
L’ex-PDG, Didier Lombard, l’ex-numéro 2 Louis-Pierre Wenès et l’ex-DRH Olivier Barberotont ont été condamnés à un an de prison dont huit mois avec sursis et 15.000 euros d’amende, pour avoir mis en place une politique de réduction des effectifs « jusqu’au boutiste » sur la période 2007-2008. L’entreprise, elle, a été condamnée en tant que personne morale à une amende de 75.000 euros, la peine maximale.
« Les moyens choisis pour atteindre les 22.000 départs étaient interdits »
Au coeur du procès, qui s’intéressait à la période 2007-2010 : les plans Next et Act, qui visaient à transformer France Télécom en trois ans, avec notamment l’objectif de 22.000 départs et 10.000 mobilités sur un total de 120.000 salariés. « Les moyens choisis pour atteindre les 22.000 départs étaient interdits », a jugé le tribunal. C’était une réduction des effectifs « à marche forcée ».
Le volontariat des départs, mis en avant par les prévenus tout au long du procès, qui s’est tenu du 6 mai au 11 juillet, n’était qu’un « simple affichage ». Les trois ex-dirigeants ont mis la « pression sur l’encadrement », qui « a répercuté cette pression » sur les agents. Ils ont mis en place « un plan concerté pour dégrader les conditions de travail des agents afin d’accélérer leurs départs ».
L’ex-PDG Didier Lombard fait appel
Cette politique « a créé un climat anxiogène ». Les prévenus ont, en revanche, été relaxés sur la période postérieure à 2008. L’avocat de l’ex-PDG Didier Lombard a annoncé qu’il ferait appel de la condamnation. France Télécom était devenu à la fin des années 2000 le symbole de la souffrance au travail.
Il y a dix ans, l’entreprise faisait la une des médias alors que plusieurs salariés s’étaient suicidés en laissant des courriers accablants contre leur employeur. Le tribunal a analysé les cas de trente-neuf parties civiles, retenues par les magistrats instructeurs. Parmi elles, dix-neuf ont mis fin à leurs jours.