Activités de Lafarge en Syrie : La justice française annule les poursuites pour «complicité de crimes contre l'humanité»

ENQUETE Le cimentier français avait été mis en examen il y a un an de demi pour « financement du terrorisme » et « complicité de crimes contre l’humanité » en Syrie

Manon Aublanc
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Le site de Lafarge à Jalabiya, à 30 kilomètres de Ain Issa, au nord de la Syrie, le 19 février 2018.
Le site de Lafarge à Jalabiya, à 30 kilomètres de Ain Issa, au nord de la Syrie, le 19 février 2018. — Delil souleiman / AFP

La cour d’appel de Paris a annulé, ce jeudi, les poursuites pour « complicité de crimes contre l’humanité » contre le groupe français Lafarge, accusé d’avoir financé des groupes terroristes en Syrie pour maintenir l’activité d’une de ses usines, ont annoncé ses avocats.

La chambre de l’instruction de la cour d’appel a en revanche maintenu les mises en examen du cimentier pour « financement du terrorisme », « violation d’un embargo » et « mise en danger de la vie » d’anciens salariés de son usine de Jalabiya.

Huit dirigeants mis eux aussi en examen

Lafarge SA, propriétaire de Lafarge Cement Syria (LCS), est soupçonné d’avoir versé en 2013 et 2014, via cette filiale, près de 13 millions d’euros à des groupes djihadistes, dont l’organisation Etat islamique (EI), et à des intermédiaires afin de maintenir l’activité de son site en Syrie, alors que le pays s’enfonçait dans la guerre.

Le groupe est également suspecté d’avoir vendu du ciment de l’usine au profit de l’EI et d’avoir payé des intermédiaires pour s’approvisionner en matières premières auprès de factions djihadistes. Dans ce dossier, huit cadres ou dirigeants au total ont également été mis en examen pour « financement du terrorisme » et/ou « mise en danger » dans le cadre d’une information judiciaire ouverte en juin 2017.