Strasbourg : Les treize « zadistes » anti-GCO sauvés par des vices de procédure ?

PROCES Treize prévenus étaient jugés ce mercredi pour avoir construit une cabane fortifiée sur un chantier du Grand contournement ouest de Strasbourg à Pfettisheim, dans le Bas-Rhin

Nils Wilcke
Les treize opposants au GCO ont comparu devant le tribunal correctionnel de Strasbourg.
Les treize opposants au GCO ont comparu devant le tribunal correctionnel de Strasbourg. — N.W./20Minutes
  • Le parquet a requis des « peines d’avertissement » à l’encontre des treize « zadistes » opposés au Grand contournement ouest (GCO) présentés ce mardi 25 septembre devant le tribunal correctionnel de Strasbourg.
  • Lors de l’audience, les trois avocats des prévenus ont pointé de « nombreuses incohérences » lors de l’audience.
  • Pour l’un des trois avocats des prévenus, ce procès est une « preuve supplémentaire » que les militants écologistes sont « de plus en plus criminalisés ».

Le parquet a requis des « peines d’avertissement » à l’encontre des treize « zadistes » opposés au Grand contournement ouest (GCO) présentés ce mardi 25 septembre devant le tribunal correctionnel de  Strasbourg. Entourés de leurs soutiens rassemblés devant le tribunal, ces deux Alsaciens, ces dix autres ressortissants des Vosges, de Gironde, du Puy-de-Dôme, d’Isère ou du Morbihan et un Belge, au total onze hommes et deux femmes âgés de 21 à 32 ans, ont fait valoir leur droit au silence en refusant de s’expliquer sur les faits qui leur sont reprochés. A savoir la construction d’une cabane fortifiée sur une butte, sur un chantier du CGO à Pfettisheim, dans le  Bas-Rhin, le 20 avril 2019.


A leur encontre, il a été requis de deux à six mois d’emprisonnement avec sursis (six mois de sursis assorti d’un travail d’intérêt général ont été requis contre l’un d’eux). Le jugement a été mis en délibéré au 20 novembre.

« Comme dans le village Astérix »

Pendant le procès, le président du tribunal a parlé d’un fort des « zadistes », « comme dans le village Astérix », constitué de palettes, de bois, de pneus, de planches mais aussi de panneaux trouvés sur le chantier du GCO. Par la suite, une cinquantaine de gendarmes aidés par le peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) sont intervenus pour leur demander de quitter le chantier, ce que les activistes ont refusé de faire.

Les militaires ont alors fait usage de la force, notamment de gaz lacrymogène, pour leur faire quitter leur cabane fortifiée. En réponse, deux d’entre eux ont indiqué avoir été violemment poussés par deux des prévenus, poursuivis pour « violences » envers des personnes dépositaires de l’autorité publique. L’un des deux militaires avait reçu 5 jours d’ITT suite à l’intervention.

« Nombreuses incohérences »

« Nous ne sommes pas là pour faire de la politique », avait prévenu le président du tribunal en préambule. En fait de politique, il a surtout été question de points de procédures. « Absence de cadre légal », « expulsion illégale », « privation de liberté arbitraire à travers les 48 heures de garde à vue »… L’avocate strasbourgeoise, Me Dole, et ses deux confrères Me Regley et Me Ruef, deux avocats venus spécialement de Lille plaider l’affaire, ont pointé de « nombreuses incohérences » lors du procès et une expulsion « complètement en dehors des clous ».

« On a l’impression que toute la procédure était du bricolage », observe Me Dole. Pour elle, ce procès est une « preuve supplémentaire » que les militants écologistes sont « de plus en plus criminalisés ». De fait, le procureur de la République a reconnu que le PV de saisine n’avait pas été rédigé de « façon parfaite » et qu’il présentait des « confusions ». Tout en affirmant qu’il fallait replacer ce « manque de précision » dans le contexte des interpellations. Il a ensuite annoncé l’abandon de l’accusation pour « outrage ».

Les avocats des gendarmes ainsi que de la société Arcos, filiale de Vinci, qui s’était portée parties civiles, n’ont pas souhaité s’exprimer face à la presse à la fin de l’audience.