Zouzou le renard, Théo le dalmatien, Maurice le coq...Quand le bestiaire envahit les tribunaux

COCORICO Quelques animaux ont défrayé la chronique judiciaire, ces dernières années, en France

R. G.-V.
Photo non datée de Zouzou, renardeau menacé d'être retiré à la famillle qui l'a recueilli, près de Bergerac.
Photo non datée de Zouzou, renardeau menacé d'être retiré à la famillle qui l'a recueilli, près de Bergerac. — Famille Delanes
  • Maurice, le coq, qui a valu ce jeudi une comparution devant le tribunal correctionnel de sa maîtresse oléronaise, n’est pas le premier a avoir eu droit à un passage devant la justice..
  • Témoins ou objets dans certaines affaires, les animaux se retrouvent souvent leur place dans la case insolite, mais pas seulement.
  • Perroquets, chiens, renards… Peu d’espèces communes dans nos contrées sont épargnées.

Des animaux dans le prétoire ? Des fauves du barreau, bien sûr, mais pas seulement. A la rubrique insolite, il n’est pas rare de trouver une partie de la basse-cour plus ou moins au centre de certaines affaires judiciaires. Ce jeudi, c'est ainsi Maurice, le coq d'Oléron qui a défrayé la chronique judiciaire. L’occasion pour 20 Minutes de passer en revue les cas les plus marquants de ces dernières années, où, contrairement au Moyen Âge, on ne juge quand même plus les animaux…

Maurice, le coq

C’est l’affaire de ce jeudi. Un couple de retraités propriétaires d’une résidence secondaire à Saint-Pierre-d’Oléron, en Charente-Maritime, attaque leur voisine, Corinne Fesseau, à cause de son coq, prénommé Maurice. Sa cage se trouve à trois mètres de la fenêtre des plaignants qui n’arrivent plus à finir leurs nuits tranquillement. Le tribunal d'instance de Rochefort qui a examiné l'affaire ce jeudi a mis sa décision en délibéré en septembre.

Mais l’affaire a été l’occasion d’une véritable fronde du voisinage contre le couple de retraités anti-Maurice… qui ne se sont d’ailleurs pas présentés à l’audience. Si Maurice n’était pas appelé à la barre pour faire toute la preuve de son puissant organe, des soutiens, sont venus avec leurs volailles au tribunal. De quoi entretenir le battage médiatique… qui a atteint les Etats-Unis et le New York Times.

Théo, le dalmatien

En 2008, Eric Dupond-Moretti n’en revient pas : « Non, mais c’est une plaisanterie. On est chez les fous, Ça ne tient pas la route cette histoire. » Dans le dossier sur la mort de Dominique Aubry, en 2005, le juge d’instruction décide en effet d’interroger… le chien de la victime. Si Dominique Aubry a été retrouvée pendue sur sa luxueuse péniche de Neuilly-sur-Seine, on a rapidement pensé au maquillage d’un assassinat en suicide, sur fond de succession lucrative de cette veuve d’un riche marchand d’art. Mais les preuves manquent. Et certains se laissent convaincre que le chien de la victime peut reconnaître l’assassin.

« Pour la personne qui a fait du mal à sa maîtresse, le chien va d’abord avoir une réaction visible physique de recul, ensuite de peur. Il va manifester des signaux olfactifs et physiques : regard, position des oreilles, du corps également », explique alors très sérieusement Gilbert Mouthon, comportementaliste expert auprès des tribunaux, interrogé par France 3. Le tout en présence de policiers et du greffier du tribunal. Pas suffisant pour la justice : les deux accusés, Franck Renard Payen et Olivier Henri Eustache seront, par deux fois, acquittés.

Zouzou, le renardeau

Il y a d’innombrables affaires où des particuliers prennent sous leur aile des animaux pas vraiment considérés comme domestiques par la loi… sans avoir les autorisations. C’est le cas de Zouzou, le renardeau recueilli après la mort de sa mère par le couple Delanes, de Bergerac, en Dordogne, en 2011. Ses « parents adoptifs » assuraient avoir fait tout ce qu’il fallait pour pouvoir accueillir dans de bonnes conditions le petit goupil. Pas assez, pour la justice, pour qui il manquait toujours l’autorisation préfectorale requise. L’affaire s’envenime quand le couple refuse une tentative de conciliation (Zouzou est récupéré par les services de l’Etat le temps que l’autorisation soit délivrée).

Les Delanes sont condamnés en première instance puis en appel en 2013. « S’ils veulent le prendre, ils devront d’abord m’attacher. Je ne me laisserai pas faire. Quitte à aller en prison, je suis prête à tout », lâche alors Ana-Paula Delanes auprès de 20 Minutes. Depuis, le couple a pu garder Zouzou, le renard (désormais) est même devenu un temps la mascotte du club de football local, le BPFC.

Pépito, le perroquet

Se faire prendre, indirectement, par un perroquet, ça doit mettre un coup au moral. C’est pourtant ce qu’ont subi deux cambrioleurs de 30 et 34 ans, en 2014, à Fleury-les-Aubrais, dans le Loiret, en 2014. Un peu plus tôt dans l’année, l’un des deux hommes tente d’acheter la tablette d’une jeune femme, mise en vente sur un site Internet. A cette occasion il va chez elle et fait la connaissance de Pépito, le perroquet de la future victime. Il repère surtout du matériel informatique et un coffre-fort. Son appétit est aiguisé : avec un complice ils projettent de cambrioler l’appartement.

Seulement, la jeune femme se défend et surtout ils tombent sur un os : Pépito. Le « cerveau » de l’affaire prononce alors le nom du perroquet. Suffisant pour que la victime reconnaisse la voix de celui qui avait tenté de lui acheter sa tablette, quelques semaines plus tôt. Cette petite gaffe coûte tout de même aux malfaiteurs une condamnation à quatre ans de prison chacun.