Procès Balkany: «Je vous demande un peu d’humanité» pour lui, lâche Dupond-Moretti

PROCÈS Patrick et Isabelle Balkany sont jugés pour avoir dissimulé au fisc un patrimoine évalué à plus de 13 millions d’euros

Vincent Vantighem
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Paris, le 13 mai 2019. Patrick Balkany et son avocat Eric Dupond-Moretti arrivent au palais de justice de Paris.
Paris, le 13 mai 2019. Patrick Balkany et son avocat Eric Dupond-Moretti arrivent au palais de justice de Paris. — JACQUES DEMARTHON / AFP
  • Patrick et Isabelle Balkany sont jugés pour « blanchiment de fraude fiscale ».
  • Ils sont accusés d’avoir dissimulé un patrimoine évalué à 13 millions d’euros.
  • Quatre autres prévenus, dont leur fils Alexandre, comparaissent également.

Il y a d’abord eu de la gravité dans la voix au moment d’évoquer la violence judiciaire. « Celle qui ne sent pas la pisse ou l’hémoglobine », a tout de suite précisé Eric Dupond-Moretti. Plutôt, celle « qui porte un costume du dimanche » et qui « réclame onze ans de prison à un homme coupable de fraude fiscale. » Mais immédiatement, la gravité a cédé la place à la colère. « Mais c’est monstrueux ! », a lâché, mercredi, l’avocat au moment de plaider pour le compte de Patrick Balkany, jugé depuis cinq semaines pour « blanchiment » et « corruption », devant la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris.

Après son associé Antoine Vey qui a décortiqué le dossier, le ténor a tout misé sur l’émotion pour tenter de sauver ce qui peut encore l’être de son client. « Mon discours est désespéré parce qu’il est lucide. Je sais que l’efficacité ne sera peut-être pas au bout de mon cheminement. » Il faut dire que sa tâche est ardue. Il l’a résumée en demandant simplement au tribunal « un peu d’humanité » pour le maire (LR) de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).


« Allez-y ! Vous pouvez le cartonner ! »

De l’humanité car, selon lui, Patrick Balkany fait partie d’une autre époque. Celle d’une société qui n’était pas « moralisatrice » ou « hygiéniste » comme elle l’est aujourd’hui. Car sa culpabilité ne fait guère de doute. L’édile a reconnu avoir utilisé l’argent planqué à l’étranger par son père pour « bien vivre ». Mais il nie farouchement qu’il s’agissait d’argent public.

Malgré tout, « les voyants sont au vert pour le condamner, a poursuivi son avocat. Alors, allez-y ! Vous pouvez le cartonner ! » Il a même indiqué au tribunal qu’il n’y avait rien à craindre, qu’il serait soutenu par « la foule qui vient au palais de justice comme on vient au cirque pour donner un coup de pied au roi à terre ».


Patrick Balkany n’aspire qu’à rester auprès de sa femme

Car, selon lui, c’est facile de faire un exemple. Voilà à quoi est réduit Patrick Balkany aujourd’hui. Un peu brouillon, Eric Dupond-Moretti a longuement digressé pour expliquer au tribunal, comme il l’avait déjà fait lors de l’audience, que la fraude fiscale était « un sport national » dans les années 1990, 2000. Et qu’aujourd’hui, on s’en prenait aussi à son client parce qu’il était « l’ami intime de Nicolas Sarkozy ».

L’avocat a tenté de montrer une autre de ses facettes, le décrivant en homme « pudique » et réservé. Peu après 17h et pour la dernière fois lors de ce procès, le maire de Levallois est allé dans son sens en s’approchant de la barre pour prononcer les derniers mots. Il a expliqué qu’il n’aspirait qu’à une chose : « pouvoir rester auprès de [sa] femme [absente après une tentative de suicide], parce qu’elle a vraiment besoin [qu’il soit] auprès d’elle. »

Ce n’est pas le souhait du Parquet national financier, qui a requis, à son encontre, une peine de quatre ans de prison ferme avec incarcération immédiate dans le volet « fraude fiscale » et une autre de sept ans de prison pour « blanchiment » et « corruption ».

Pour le premier volet, Patrick Balkany sera fixé le 13 septembre. La seconde décision sera, quant à elle, connue le 18 octobre.

Retrouvez le suivi de ce procès en direct sur le compte Twitter de notre journaliste : @vvantighem