Fichier Monsanto: Ouverture d'une enquête judiciaire sur des soupçons de fichage illégal
PLAINTE Monsanto aurait fiché des centaines de personnalités, en fonction de leur influence, forte ou faible, et de leur propension, réelle ou supposée, à défendre son pesticide glyphosate
Au lendemain de la révélation d’un possible fichage illégal par Monsanto de centaines de personnalités et de médias, en fonction de leur position vis-à-vis du glyphosate, des OGM ou de leur propension à être influencés, le parquet de Paris a annoncé, ce vendredi, avoir ouvert une enquête.
L’enquête a été ouverte à la suite de la plainte déposée le 26 avril par le journal Le Monde et un de ses journalistes, qui figurait dans les fichiers incriminés, a précisé le parquet de Paris.
Des listes réalisées par l’agence de communication Fleishman Hillard
L’enquête préliminaire vise les délits de « collecte de données personnelles par un moyen frauduleux, déloyal ou illicite », « enregistrement de données à caractère personnel sensible sans l’accord de l’intéressé et transfert illicite de données à caractère personnel » et de « traitement automatisé de données personnelles sans déclaration préalable à la CNIL ». L’ouverture de cette enquête intervient au lendemain de la révélation de ces pratiques dans le quotidien Le Monde et une enquête de France 2.
Les investigations ont été confiées à la brigade de répression de délinquance contre la personne (BRDP) de la police judiciaire parisienne. La multinationale Monsanto, filiale depuis l’an dernier du groupe pharmaceutique allemand Bayer, est accusée d’avoir secrètement fait réaliser des listes par l’agence de communication Fleishman Hillard.
74 « cibles prioritaires »
Y figurent des centaines de responsables politiques, scientifiques et journalistes, pour lesquels sont indiqués entre autres leur position sur les pesticides, leur niveau de soutien à Monsanto, leurs loisirs, mais aussi leurs adresses et numéros de téléphone, y compris sur liste rouge, selon l’enquête de France 2.
Un tableau met en lumière 74 « cibles prioritaires » divisées en quatre groupes : les « alliés », les « potentiels alliés à recruter », les personnalités « à éduquer » et celles « à surveiller ». A la suite de ces révélations, plusieurs personnalités, des médias français, dont Radio France et des ONG, ont porté plainte ou annoncé leur intention de le faire. La CNIL, l’agence publique de protection des données saisie en particulier par Le Parisien/Aujourd’hui en France, a indiqué qu’elle allait également diligenter une enquête sur cette affaire.