Bagarre à Orly: «Ce qui est arrivé est inexcusable et déplorable», déclare Booba lors de l'audience

COMPTE-RENDU Ce vendredi, le procès opposant Booba et Kaaris après leur violente bagarre à l’aéroport d’Orly le 1er août dernier a été renvoyé au 6 septembre. Récit d’une soirée d’échec au tribunal…

Marie De Fournas
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Les rappeurs Booba et Kaaris en 2018
Les rappeurs Booba et Kaaris en 2018 — Dominique FAGET / AFP

De l’attente et de la sueur. 13h00 : arrivée au Tribunal de Grande instance de Créteil. Un petit nombre de personnes est déjà présent, spécialement venu pour assister au procès de ce mois d’août : celui opposant Kaaris à Booba. Mercredi dernier, les deux rappeurs ennemis ont monopolisé l’actualité en s'affrontant dans le hall de l'aéroport d'Orly. Malheureusement pour eux, Kaaris et Booba ne sont pas les seuls à avoir fait des bêtises. Il va falloir attendre. Longtemps. Très longtemps. Vraiment très longtemps.

Tout l’après-midi, des affaires de violences conjugales et de trafic de drogue se sont enchaînées pendant des heures. Dans la salle d’audience, on repère le rappeur Benash, un soutien de Booba. Certains s’impatientent. Un peu trop. Le président du tribunal, Pierre Auda, est obligé de demander à la police d’expulser « le jeune homme aux cheveux longs et en jean », un peu trop dissipé apparemment. C’est pas la Kermesse, ici.

Ambiance concert, ou pas

Vers 19h00, alors que l’assemblée pense qu’on va passer aux choses sérieuses, le président du tribunal décide dans un premier temps de suspendre d’audience et de délibérer les précédentes affaires. Le public doit donc se dégreffer des bancs mal rembourrés et sortir de la salle. Une longue file d’attente mêlant curieux, fans de Booba, mais aussi de Kaaris, s’est alors formée à l’entrée de la salle. Ambiance entrée de concert (sympaaa), mais pour aller voir des artistes rivaux (moins sympaaa). Du coup, les policiers sont partout, prêts à contenir le moindre débordement. La tension est palpable.


21h00 : Les portes s’ouvrent enfin, le public entre plutôt calmement. La climatisation est tout juste correcte, et clairement, les esprits se sont échauffés par tant d’attente. Un peu plus tôt, le président du tribunal est venu voir les journalistes pour leur demander de ne pas live tweeter le procès. Ce dernier craint des débordements dans la salle. Il est vrai que lors des autres procès de la journée, le public impatient a été légèrement dissipé.

Le rappeur Gato da Bato parmi les prévenus

Le procès opposant les deux rappeurs Booba et Kaaris ne doit plus tarder à commencer. Les décisions de justice prises pour les précédentes affaires sont énoncées. Il est évident que les trois quarts des gens présents dans la salle ne sont pas très concernés. Tout le monde attend l’arrivée de Booba, Kaaris et de leurs 9 proches ayant participé à la bagarre. D’ailleurs, le président du tribunal a demandé que les deux groupes rivaux ne se trouvent pas dans le même box pendant l’audience. Cela tombe bien, il y en a deux.

21h38 : les prévenus arrivent enfin sous haute protection policière. Dans le box de gauche : Kaaris et trois de ses proches. Dans le box de droite, sept personnes dont Booba, qui porte le même marcel blanc que lors de la bagarre. Le rappeur Gato da Bato fait partie des prévenus aux côtés de Booba. Son petit doigt aurait été « sectionné » durant la bagarre, a rapporté l’avocat de Booba. Tout le monde est très calme.

« Ce qui est arrivé est inexcusable et déplorable »

Les parties civiles des aéroports de Paris et Air France sont aussi présentes. Le président choisit de ne pas donner l’adresse des prévenus et énonce pour chacun les faits qui leur sont reprochés : violences aggravées. Il leur demande s’ils souhaitent être jugés immédiatement ou obtenir un délai pour préparer la défense. Les neuf prévenus ne sont pas du même avis. Le président propose une date de renvoi au 6 septembre. L’avocat de Booba demande un délai long, qui ne peut être accordé que si tous les prévenus sont d’accord. En attendant cette date de procès, la situation des prévenus doit être établie, une audience a donc lieu pour décider de qui part en détention provisoire et qui est simplement placé sous contrôle judiciaire. Dans la salle, les prévenus et le public sont très calmes.

Les prévenus sont invités s’ils le souhaitent à s’exprimer. Lorsque vient le tour du Booba, celui-ci déclare : « Ce qui est arrivé est inexcusable et déplorable », évoquant les effets causés sur les gens travaillant sur place ainsi que les voyageurs ou les enfants présents à l’aéroport.

« Kaaris » pas « Kééris »

22h16 : La procureure prend la parole et requiert notamment l’interdiction d’apparaître dans les aéroports de Paris. Genre : pas de vacances loin. Elle souhaite que les prévenus ne rentrent pas en contact entre eux et demande également la détention provisoire de six prévenus dont Booba.

Jusqu’à plus de minuit, les avocats des neuf prévenus défilent à la barre pour éviter à leur client d’être envoyé en détention provisoire. La fatigue commence à vraiment se faire sentir chez tout le monde. Même le président Pierre Auda. Avant que l’audience ne soit suspendue, les prévenus sont invités à s’exprimer. Booba : « Je pense qu’entre moi et le rappeur Kaaris, l’abcès a été crevé »… Kaaris : il a parlé, mais comme il a marmonné, personne ne l’a entendu. Fun fact : l’avocat de Kaaris l’a appelé « Kérisse » pendant ses 15 minutes d’intervention.

 

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00h30 : l’audience est suspendue. Tout le monde attend à l’extérieur de la salle que le tribunal prenne une décision. La machine à café fume, les journalistes écrivent dans les couloirs le compte-rendu de l’audience, le public présent dans la salle resté très silencieux. Globalement, tout le monde veut partir.

1h15 : Le procès est officiellement renvoyé au 6 septembre 2018 à 13h. L’ensemble des détenus a été placé en détention provisoire. La team Booba à Fleury et celle de Kaaris à Fresnes.