Montpellier: Trois mois de prison avec sursis requis contre le sénateur LREM Robert Navarro

JUSTICE L'ex-premier secrétaire du PS dans l'Hérault et son épouse étaient jugés en appel pour des soupçons d'abus de confiance...

Nicolas Bonzom
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Dominique et Robert Navarro, devant le tribunal correctionnel, en 2016.
Dominique et Robert Navarro, devant le tribunal correctionnel, en 2016. — N. Bonzom / Maxele Presse

Robert Navarro, l’ex-premier secrétaire du PS dans l’Hérault, était de retour devant la justice, ce mardi, à Montpellier. Avec son épouse Dominique, qui fut employée par le PS héraultais, et son attachée parlementaire quand il était député européen, le sénateur, qui siège au sein du groupe LREM, est accusé d’abus de confiance : le parti politique estime avoir payé indûment quelque 85.000 euros de voyages en avion.

En première instance en 2016, les époux Navarro avaient certifié que ces déplacements en famille à Strasbourg, à Bruxelles, ou encore à Prague, à Ljubljana, à Budapest ou à Marrakech rentraient dans le cadre de leurs travaux. Le couple avait pourtant écopé de 3 mois de prison avec sursis, la privation des droits civiques pendant 3 ans et une amende de 30.000 euros chacun. Les réquisitions en appel ont été les mêmes mardi soir.

« L’argent, ce sont les cotisations de petites gens »

Selon l’avocat général, les époux Navarro ont « trompé les adhérents » du PS de l’Hérault. « Ce type de procédés contribue à pourrir le système » politique, a-t-il assuré lors de l’audience. Luc Abratkiewicz, l’avocat de la fédération du PS de l’Hérault, a dénoncé « une bouillie infâme », et « un système de défense qui n’est pas digne d’un élu. L’argent dont nous parlons, ce sont les cotisations de petites gens qui s’impliquent. »

De son côté, le sénateur héraultais de 65 ans a pointé du doigt « un flingage politique ». « J’avais beaucoup de fonctions, j’étais plutôt dans l’action », a-t-il indiqué face à la cour d’appel. « Une absence de rigueur ne signifie pas une infraction intentionnelle », a pour sa part plaidé le conseil du couple, Patrick Maisonneuve, qui a demandé la relaxe.

« Je le sais lucide pour prendre la bonne décision »

La justice rendra son arrêt le 2 mai. Si Robert Navarro est condamné, sera-t-il éjecté du groupe LREM du Sénat, où il siège ? Christophe Castaner, délégué général du parti, a précisé à 20 Minutes ce mardi que le sénateur n’est en aucun cas membre de LREM, mais seulement du groupe au Palais du Luxembourg. « Il ne m’appartient pas de décider, au nom de la séparation des pouvoirs, ce qu’un groupe parlementaire peut dire ou faire, sinon il ne manquerait pas de me le reprocher », note le chef de file LREM.

De son côté, François Patriat, le président du groupe LREM au Sénat, fait pleinement confiance au sénateur de l’Hérault pour prendre la bonne décision, le temps voulu, s’il est condamné. « Il prendra sa décision seul et en responsabilité, m’a-t-il dit, confie le sénateur de Côte-d’Or. Je le sais lucide sur ce sujet pour prendre la bonne décision. »