Marseille: Deux ans de prison pour un trafic de cigarettes détournées des duty-free

PRISON Les membres du réseau détournaient les cigarettes détaxées destinées aux boutiques duty-free des ferries…

Adrien Max
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Un bateau de la compagnie Algérie ferries.
Un bateau de la compagnie Algérie ferries. — ROUSSEL/SIPA
  • Quatorze membres d'un réseau de contrebande de cigarettes ont été condamnés à des peines allant jusqu'à trois ans de prison, dont deux fermes.
  • Ils détournaient les cigarettes destinées au duty-free de navires d'Algérie ferries.

« Cigarettes, cigarettes pas chères. » Il n’est pas rare d’entendre ces propositions dans certaines rues de Marseille. Mercredi, le tribunal correctionnel de Marseille a condamné jusqu’à trois ans de prison, dont deux fermes, quatorze membres d’un réseau de contrebande de cigarettes sur le port de Marseille.

Au cours du trafic, qui s’est déroulé entre 2015 et novembre 2016, au moins 68.400 cartouches de cigarettes détaxées, destinées aux boutiques duty-free des navires d’Algérie ferries, avaient alimenté les marchés noirs de la région, selon les douanes. Le 17 novembre 2016, une perquisition à bord du ferry algérien « Tariq », au cours de laquelle 1.300 cartouches de cigarettes détaxées avaient été découvertes dans les faux plafonds du navire, avait mis fin au trafic.

Un réseau très organisé

Lors de l’escale à Marseille de trois ferries algériens, des sacs-poubelle contenant chacun 25 cartouches étaient régulièrement jetés dans la nuit sur les quais, puis récupérés par des hommes ayant escaladé les grilles du port. Les ballots étaient ensuite récupérés par des véhicules garés à l’extérieur qui assuraient plusieurs rotations par nuit, avant d’être acheminés dans des appartements situés dans les quartiers de l’arrière-port.

Le procureur Julien Dutel a évoqué mercredi :

« Un réseau très structuré et hiérarchisé qui se [livrait] à une division du travail et non pas, comme les prévenus voudraient le laisser entendre, une juxtaposition d'« auto-entrepreneurs » qui auraient mutualisé leurs moyens. »

Les soirs de « débarquement », un membre du réseau avait également pour tâche de surveiller les locaux des douanes afin de vérifier si des véhicules étaient ou non en patrouille, a révélé l’enquête. Les peines les plus lourdes, trois ans de prison dont deux fermes, a été prononcées contre Mostefa Benmimoun, 49 ans, déjà condamné pour contrebande, et présenté par l’accusation comme « la figure centrale du trafic » et Kamel Belkadi, « son second omniprésent ».

Plusieurs millions d’euros d’amendes douanières

Deux ans d’emprisonnement ont été infligés au « boutiquier » qualifié de « clé d’entrée de la contrebande » et jusqu’à un an de prison à un agent de sécurité et un garçon d’office chargés d’assurer « le débarquement nocturne discret des ballots ». Trois clients grossistes alimentant les points de vente sauvages de Marseille et Toulon ont écopé de prison avec sursis.

L’Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs, avait licencié les trois marins et avait suspendu durant huit mois toute vente de cigarettes détaxées à bord. La compagnie, qui avait évalué son préjudice à 250.000 euros, a été déboutée de sa demande de constitution de partie civile. Le cigarettier Philip Morris a été reconnu partie civile mais débouté de ses demandes d’indemnisation. Plusieurs millions d’euros d’amendes douanières ont également été prononcés.