VIDEO. Voiture de police brûlée: Deux prévenus relaxés et des peines allant jusqu'à 7 ans de prison pour les autres

PROCES A l’issue d’un procès sous haute tension, le parquet avait requis le 22 septembre des peines d’emprisonnement allant de douze mois avec sursis à huit ans ferme…

Caroline Politi
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La voiture de police en feu, quai de Valmy à Paris (10e), le 18 mai 2016.
La voiture de police en feu, quai de Valmy à Paris (10e), le 18 mai 2016. — Francois Mori/AP/SIPA
  • Antonin Bernanos, le prévenu le plus scruté de cette affaire retentissante, a été condamné à cinq ans de prison dont trois ferme.
  • Deux des neufs prévenus ont été relaxés.

Rarement on avait vu, devant la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris, un tel dispositif de sécurité. Dès 9 heures du matin, une quarantaine de gendarmes étaient déployés pour éviter tout débordement lors de l’annonce du jugement dans l’affaire dite de la voiture « brûlée ». Le 18 mai 2016, deux policiers en service avaient été pris à partie par des militants d’extrême gauche, leur véhicule incendié et l’un des deux agressés avec une barre de fer. Le procès, qui s’est tenu à la mi-septembre, a été émaillé de nombreux incidents, mais si quelques slogans « tout le monde déteste la police/la justice », « crève la justice » et « liberté pour tous » ont accueilli le délibéré, la foule a rapidement été dispersée.

Des peines allant jusqu’à sept ans de prison ont été prononcées. Si le tribunal a globalement suivi les réquisitions du parquet, il a relaxé deux des neuf prévenus, Angel B. et Bryan M., tous deux poursuivis pour avoir participé à la manifestation interdite mais pas aux violences. « Le seul fait de se dissimuler le visage ne suffit pas à caractériser l’existence d’une participation à un mouvement violent », a expliqué le président. La peine la plus lourde a été prononcée contre le Suisse Joachim Landwehr, sous le coup d’un mandat d’arrêt. Il a été déclaré coupable d’avoir lancé le fumigène qui a incendié la voiture de police qui aurait pu « blesser ou tuer les policiers ».

Une corrélation « parfaite »

L’une des principales inconnues de ce délibéré concernait le sort réservé à Antonin Bernanos. L’étudiant en sociologie de 23 ans, arrière-petit-fils de Georges Bernanos, a toujours nié avoir participé à l’agression des policiers. Il avait été arrêté à la suite du témoignage sous X, qui s’était révélé être celui d'un policier des renseignements. Le tribunal, relevant une série de correspondances entre sa tenue vestimentaire et celle de l’homme filmé en train de décocher des coups de poing à travers la fenêtre à l’adjoint de sécurité puis lancé un plot dans le pare-brise arrière, a estimé « parfaite » la corrélation entre « l’auteur des faits » et le prévenu. « Vous avez agressé deux personnes parce qu’ils sont policiers, un peu comme d’autres agressent des noirs parce qu’ils sont noirs », a asséné le président.


Estimant les faits « extrêmement graves », avec un « risque de réitération », le président a condamné le jeune homme à cinq ans de prison dont deux ans avec sursis, sans mandat de dépôt. Il a souligné que le prévenu, condamné à des travaux d'intérêt général en 2013, était en état de récidive. Reste à savoir si le jeune homme, qui a déjà effectué dix mois de détention préventive, retournera en prison. Il lui reste, en théorie, vingt-six mois de prison à effectuer, en sachant qu’il est possible d’aménager une peine de vingt-quatre mois, par exemple avec le port d’un bracelet électronique. Son avocat Arié Alimi a indiqué que tout appel dépendrait de ce calcul. « Ce n’est pas un procès politique mais le politique est entré dans la sphère judiciaire », a regretté le conseil.

Le président salue le « courage » de Kévin Philippy

Nicolas Fensch, l’homme qui a porté les coups de barre métallique à l’adjoint de sécurité, devrait pouvoir bénéficier d’un aménagement de peine. Ce quadragénaire, qui a reconnu les faits, a écopé de cinq ans de prison assortis pour moitié du sursis. Une peine couverte en partie par la détention provisoire, et potentiellement aménageable pour le reste. « Vous vous en êtes violemment pris à un policier qui tentait de sortir de son véhicule en flamme et donc à la mort », a déclaré le président, saluant le « courage » de Kévin Philippy qui « a préféré ne pas sortir son arme et donc vous blesser ».

Les deux prévenus qui comparaissaient détenus, le transgenre américain Kara qui a reconnu lors des investigations avoir lancé un plot, et Ari Rustenhotz, restent en détention. La première a écopé de quatre ans, le deuxième de cinq ans, peines assorties de sursis pour la moitié.