A Béziers, un hôtel propose de dormir dans une prison

Prison break « La prison », l’un des hôtels les plus atypiques de France, ouvre ses portes ce jeudi à Béziers, dans les murs d’une ancienne maison d’arrêt

Jérôme Diesnis
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A Béziers, l'hôtel « La prison » qui ouvre ses portes ce 1er juin, a été conçu dans l'ancienne maison d'arrêt de la ville, qui a fermé ses portes en 2009.
A Béziers, l'hôtel « La prison » qui ouvre ses portes ce 1er juin, a été conçu dans l'ancienne maison d'arrêt de la ville, qui a fermé ses portes en 2009. — J. Diesnis / Agence Maxele Presse
  • L’hôtel « La prison » ouvre ses portes ce 1er juin. On y dort dans l’enceinte d’une ancienne maison d’arrêt, dans les cellules qui ont accueilli des milliers de prisonniers entre 1867 et 2009.
  • Après quatorze mois de travaux, le groupe Mando, propriétaire des lieux, a tenté de conserver le côté complètement atypique du lieu en y ajoutant le luxe d’un hôtel trois étoiles.
  • Avec un prix de départ à 77 euros pour une cellule de 13 m2, le résultat est bluffant.

Depuis l’atrium, les mêmes portes donnent toujours vers des cellules. Et chacune d’entre elles conserve encore les traces de la présence des détenus qui les ont fréquentées. Des coups portés, de l’œilleton permettant aux surveillants pénitentiaires de voir sans être vu. Mais derrière, se trouve désormais une seconde porte, afin à la fois de préserver l’intimité des nouveaux occupants et d’améliorer l’acoustique des lieux.

On y venait par le passé régler sa dette à la société, on y vient désormais y vivre une expérience inoubliable. Ouverte en 1867, fermée depuis 2009, l’ancienne maison d’arrêt de Béziers a gardé toute son austérité. Après quatorze mois de travaux et environ 9,5 millions d’euros d’investissement, entre l’achat du lieu et les travaux de rénovation, la maison d’arrêt est désormais transformée en un hôtel trois étoiles, baptisé logiquement La prison. L’hôtel, qui ouvre officiellement ses portes ce 1er juin, est l’un des plus atypiques de France, sans doute.

« Garder la patine du lieu en y amenant du confort »

Impossible de l’ignorer, on est bien ici dans un univers carcéral où des milliers de personnes ont séjourné dans l’attente de leur procès ou purgé des peines de prison inférieures à deux ans. Mais le temps de la surpopulation est révolu. On ne s’y entasse plus à quatre par cellule, comme lorsque 200 détenus y séjournaient pour 80 places théoriques. « De trois cellules, nous avons fait deux chambres, souligne Samantha de Castro, directrice de l’établissement. La troisième a été transformée en salle de bains mitoyenne à deux cellules. »

A l’intérieur, le confort est celui d’un hôtel trois étoiles. La plus petite des cinquante chambres, dans les anciennes cellules, mesure 13 m2. La plus spacieuse, la suite familiale réalisée dans les anciens bureaux, s’étend sur 66,5 m2. Et partout, le confort d’un trois-étoiles épouse l’histoire du lieu. Certaines cellules ont même conservé la peinture ou les graffitis de l’époque. « On a cherché à conserver le plus de matière de l’histoire du lieu, garder sa patine pour conserver son aspect brut, tout en amenant la douceur d’une hôtellerie haut de gamme », évoque l’architecte Gilles Gal.

Tout y est, y compris les fantômes

Les prix s’échelonnent de 77 à 295 euros, raisonnables au regard de l’expérience du lieu complètement atypique. « Il existe d’anciennes prisons devenues des hôtels ailleurs en Europe et aux Etats-Unis, mais c’est une première en France », reprend Samantha de Castro. Accolée à la cathédrale Saint-Nazaire et Saint-Celse, l’ancienne maison d’arrêt a été racheté un peu par défaut dans un lot qui comprenait l’ancien tribunal de grande instance et un hôtel particulier, il y a quelques années. Avant de devenir propriété du groupe Mando hospitality, qui a perçu tout le potentiel du lieu. « J’ai eu la chair de poule en le découvrant, non pas parce que j’ai eu peur, mais par le lieu en lui-même et son positionnement incroyable »., souligne Philippe Bonon, l’un des associés du groupe hôtelier et du cabinet d’architecture A+.


Depuis le restairant de l'hôtel "La prison", la vue sur Béziers et la vallée de l'Orb est exceptionnelle.
Depuis le restairant de l'hôtel "La prison", la vue sur Béziers et la vallée de l'Orb est exceptionnelle. - J. Diesnis / Agence Maxele Presse

Car tout y est. Du resto bistronomique au couloir de nage, en passant par la salle de fitness et sans doute la plus belle vue de Béziers, sur le Canal du Midi et toute la vallée de l‘Orb, cette prison présente de sacrées possibilités d’évasion. Il paraîtrait même que quelques âmes y errent encore. « Un magnétiseur s’est rendu sur place, évoque le maire de Béziers (DVD) Robert Ménard, sans que l’on sache s’il plaisante vraiment ou pas. Il a découvert trois présences, mais uniquement avec de bonnes vibrations. Quand on viendra dormir ici, c’est bon de savoir qu’on sera accompagné par des fantômes sympathiques. »