Diego, tortue géante des Galápagos et « serial lover » prend sa retraite après avoir sauvé son espèce
ENVIRONNEMENT Recruté depuis les années 1970 pour sauver les tortues géantes d’Española grâce à sa libido débordante, Diego va enfin pouvoir se reposer
C’est une victoire pour les tortues d’Española, dont l’espèce était menacée d’extinction. Des représentants du parc national des îles Galapagos ont annoncé vendredi dernier que le programme de reproduction en captivité lancé il y a maintenant quarante-quatre ans a été si concluant qu’il peut aujourd’hui être arrêté.
Un franc succès largement dû à une tortue, recrutée pour sa libido très active, Diego.
Une arrivée décisive
Comme le rapporte le Washington Post, après plusieurs années de déclin, il ne restait plus qu’une douzaine de tortues d’Española – pour la plupart des femelles – sur les îles Galapagos dans les années 1970. Avec une population si minime, certaines d’entre elles ont pu passer des décennies sans rencontrer une autre tortue sur un territoire de près de 8.000 km2 et disséminé sur 21 îles. L’extinction semblait inévitable.
C’était sans compter sur Diego qui, en 1976, arrive tout droit du zoo de San Diego, en Californie, pour repeupler les îles Galapagos et sauver son espèce en intégrant un programme de reproduction de captivité.
« C’est un mâle très actif sexuellement. Il a énormément contribué à repeupler l’île », déclarait en 2016 Washington Tapia, experte sur la préservation des tortues de terre. Roi des cœurs dans son enclos, Diego a su séduire les femelles de son espèce, dont la décision de s’accoupler leur revient. Pour preuve, ses efforts considérables ont fait naître plus de 800 bébés. La population de son espèce, connue sous le nom scientifique de Chelonoidis hoodensis, compte 2.000 spécimens aujourd’hui.
Une tortue célébrité
Déjà centenaire, la plus populaire des tortues des Galapagos peut enfin retourner à une vie plus paisible. Véritable célébrité, Diego était adoré des touristes grâce à son caractère avenant. Au contraire des autres membres de son espèce, celui-ci ne rechignait pas à apparaître en public pour se promener ou s’accoupler.
Diego étant à l’origine de 40 % des naissances durant le programme de reproduction, des inquiétudes demeurent dans la communauté scientifique sur les conséquences de la faible diversité génétique de la nouvelle génération de tortues. Une préoccupation qui ne pourra être vérifiée que sur le long terme, avec des tests.
La mise en liberté de Diego, qui vit dans un centre d’élevage en captivité, n’interviendra que dans plusieurs mois. Il sera d’abord placé en quarantaine pour éviter toute importation de graines en provenance de plantes non originaires d’Española, puis sera relâché avec les autres tortues de captivité au milieu de l’île.