Toulouse: Cinq mues de boa constrictor découvertes dans un quartier, invasion ou canular?

SCIENCES Des habitants d'une même rue ont retrouvé ces derniers jours plusieurs mues de boa constrictor. De quoi susciter l'inquiétude même si, pour les spécialistes, cela ressemble plus à un canular...

Béatrice Colin
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Plusieurs mues de boa constrictor ont été retrouvées dans le quartier Saint-Agne, à Toulouse.
Plusieurs mues de boa constrictor ont été retrouvées dans le quartier Saint-Agne, à Toulouse. — Leonardo Mercon/VWPics/SIPA
  • Depuis fin août, des habitants du quartier Saint-Agne ont retrouvé des mues de boa constrictor dans leur jardin, sans croiser leur propriétaire.
  • Selon un membre de l’école vétérinaire de Toulouse, les conditions ne sont pas réunies pour que ces mues soient arrivées là naturellement.

Des mues de boa constrictor comme s’il en pleuvait. Ou presque. En l’espace de 15 jours, des familles voisines du quartier Saint-Agne, à Toulouse, ont découvert dans leur jardin des mues de serpent. Cinq au total.

De quoi leur donner des sueurs froides, ainsi qu’à tous leurs riverains à l’idée qu’une petite famille de serpents se soit installée clandestinement dans le secteur.

Trop de mues pour être vraies

« C’est embêtant, nous sommes obligés de dormir les fenêtres fermées », explique Emmanuel qui a découvert fin août une mue de 2,30 m chez lui. Au début, il a vraiment cru qu’il pouvait croiser un serpent derrière les feuillages de ses plantes. « Ça me semblait plausible, mais là il y a une accumulation, on ne sait plus du tout ».

La possibilité que cela puisse être le canular d’un mauvais plaisantin fait son chemin. Surtout depuis que ces riverains ont échangé avec des spécialistes de l’association Nature Occitanie et des membres de l'école vétérinaire de Toulouse (ENVT). « Cinq mues ça fait beaucoup, un boa constrictor ne peut pas muer autant de fois en si peu de temps », explique le docteur Pierre-Yves Rinaudo de l’ENVT. Et même s’il s’agissait d’une famille, d’autres éléments viennent perturber la thèse de l’invasion.

« C’est quelqu’un ou quelque chose qui l’a mis là »

La première chose, c’est l’emplacement. Pour muer, une période où ils sont plus vulnérables, les boas ont tendance à se cacher dans des rochers, des sous-bois ou des souches. « J’ai vu des photos où une mue a été retrouvée accrochée à des branchages relativement fragiles. Or, selon la taille de la mue, le serpent devrait faire entre 15 et 20 kg, et a donc besoin d’un support solide. C’est donc quelqu’un ou quelque chose qui l’a mis là », poursuite le vétérinaire.

Les jardins étant en contrebas de la voie ferrée, un petit blagueur pourrait facilement les avoir jetées à intervalles réguliers. Et ces « vieilles peaux » pourraient même provenir de son propre vivarium.

Un danger… pour les rats

A Toulouse, ils sont en effet nombreux à avoir ce genre de nouveaux animaux de compagnie, d’autant plus que cette race de serpent n’est pas soumise à déclaration. « Si c’est un canular, ça dépasse l’entendement », relève de son côté Emmanuel qui s’interroge sur les raisons d’une blague de mauvais goût.

Une plaisanterie qui, pour Pierre-Yves Rinaudo, ne semble pas faire de doute. Mais si jamais, des boas constrictor venaient à sortir du bois, le vétérinaire se veut rassurant. « Le boa constrictor représente surtout un danger pour les rats et les souris, à la rigueur les chats, et a tendance à fuir les humains. Et ils ont besoin de conditions d’humidité constantes, alors que l’environnement est plutôt irrégulier. Les températures vont finir par chuter et ils vont se retrouver sans défense », assure le vétérinaire.