Les Sherpas, des sur-hommes qui n’ont (presque) pas besoin d’oxygène
SCIENCES Une étude de l’Académie américaine de sciences explique que le peuple Sherpa du Népal a évolué biologiquement pour survivre avec très peu d’oxygène…
C’est pas Superman mais presque. Selon une nouvelle étude publiée le 22 mai dans la revue scientifique Proceeding National Academy of Sciences, qui transcrit les comptes rendus de l’Académie américaine de sciences, les Sherpas sont des sur-hommes. Ainsi, les membres de ce groupe ethnique népalais, installés depuis plusieurs siècles au pied de l’ Everest, ont développé leurs facultés respiratoires pour évoluer dans sur un terrain accidenté, glacial et pauvre en oxygène.
Pour un alpiniste lambda, l’ascension des 8.848 mètres d’altitude de l’Everest est un effort intense qui implique que le corps produise un nombre élevé de globules rouges afin de s’assurer que les membres et les organes soient toujours bien alimentés en oxygène. Et si cela ne suffit pas, il faut sortir les bouteilles d’oxygène. Car à cette altitude, un volume d’air contient trois fois moins de molécules d’O2 qu’un même volume d’air au niveau de la mer.
Mais selon l’étude de l’académie américaine, le corps des sherpas fonctionne différemment. Ainsi, les membres de cette communauté produisent en altitude moins de globules rouges mais plus d’oxyde nitrique, une molécule qui permet d’ouvrir les vaisseaux sanguins et assure donc une meilleure circulation du sang chargé en oxygène, sans qu’il y ait besoin de plus d’O2.
Une production d’énergie supérieure
Plus étonnant encore, les chercheurs ont prélevé un peu de leur propre sang en Angleterre puis sur le camp de base de l’Everest (situé à 5.300 mètres d’altitude), avant de le comparer à celui des Sherpas à Katmandou. Et le résultat est sans appel : quel que soit l’altitude, les mitochondries (partie des cellules qui créent de l’énergie) sont plus efficaces chez les Sherpas que chez un alpiniste lambda.
Cette caractéristique, bien qu’unique, n’est pas étonnante : « Les Sherpas ont passé des milliers d’années à vivre en haute altitude, donc il n’est pas surprenant qu’ils soient naturellement devenus plus efficients concernant la gestion de l’oxygène et la production de l’énergie », note Andrew Murray, le co-auteur de l’étude. Ils sont donc aptes à marcher en altitude sur de longues distances et de porter des charges lourdes.
Une piste pour soigner les maladies respiratoires
Ces découvertes sur le métabolisme des Sherpas ont donné aux scientifiques l’espoir de trouver de nouvelles façons d’aider les personnes souffrant d’hypoxie, maladie créant une inadéquation entre les apports en oxygène offerts par le corps et les besoins des organes et tissus. Dans un communiqué de presse, le co-auteur de l’étude Michael Grocott a ainsi estimé qu'« en comprenant comment les Sherpas sont capables de survivre avec de si petites doses d’oxygène, nous pouvons trouver des pistes pour aider ceux qui souffrent ».