Maroc: Un amateur de rock et sa compagne interdits de mariage car soupçonnés d’être des «adorateurs de Satan»

MA-ROCK La justice marocaine leur interdit de s’unir, se basant pour cela sur les apparences vestimentaires du couple…

A.Ch. avec AFP
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Un fan de rock lors d'un festival en République tchèque en 2014.
Un fan de rock lors d'un festival en République tchèque en 2014. — Dalibor Gluck/AP/SIPA

L’habit ne fait pas le sataniste, pourtant ce sont bien les apparences vestimentaires du couple qui a poussé la justice marocaine à lui interdire de se marier. Un Marocain amateur de rock et sa compagne allemande se sont vus refuser deux fois le droit de se marier, la justice les accusant d’être des «adeptes» des «adorateurs de Satan».  

«Commerce de vêtements liés à ce courant»

«C'est la deuxième fois que la justice rejette ma demande de certifier, comme le prévoit la loi, mon contrat de mariage avec mon amie allemande», a expliqué le fiancé, Amine Khairi, âgé de 26 ans. Il a précisé avoir «répété à la justice que je suis musulman, et que je n'ai rien à voir avec ce dont ils m'accusent, je suis comme tous ces jeunes qui aiment le rock et je m'habille d'une certaine manière. Mais le procureur n'a pas pris mes remarques au sérieux, et il m'a été notifié que la police avait enquêté et découvert que j'étais un adorateur de Satan», a-t-il ajouté.

Dans la décision de justice émise en début de semaine, Amine Khairi «est considéré comme adepte des adorateurs de Satan, faisant le commerce de vêtements et outils liés à ce courant, jusqu'en 2008». En outre, «l'apparence» de la ressortissante allemande de 25 ans qu'il souhaite épouser «montre qu'elle aussi appartient au même courant», ajoute la décision de justice. Le juge chargé de les marier à Agadir, estimant que «de telles idées étaient contraires à l'ordre général au Maroc», a ainsi décidé de «refuser la demande» d'effectuer le mariage conformément à la loi marocaine.

Les amateurs de rock mal vus au Maroc

Amine Khairi a dit avoir été informé par ses avocats que cette décision était «définitive et irrévocable». «Même si l'on se mariait en Allemagne, je serai arrêté à mon retour au Maroc pour pratique de la prostitution car non marié selon la loi marocaine».

En 2003, 14 jeunes amateurs de hard rock, soupçonnés de «satanisme» avaient été condamnés à des peines de prison pour «actes pouvant ébranler la foi des musulmans». Leur condamnation avait suscité une vive polémique dans le royaume, la presse et des ONG marocaines ayant dénoncé un «procès de la liberté d'expression et de la liberté de création». La cour d'appel de Casablanca les avait par la suite acquittés ou avait réduit leur peine.