Ariane Ascaride: «J'ai raconté les contradictions du monde dans lequel nous vivons»

FIPA Douze ans après son César de la meilleure actrice, la comédienne a réalisé son premier film. Interview...

Propos recueillis par Alice Coffin
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L'actrice et réalisatrice Ariane Ascaride, le 24 octobre 2009, à Paris.
L'actrice et réalisatrice Ariane Ascaride, le 24 octobre 2009, à Paris. — LORENVU/SIPA
Ceux qui aiment la France sera diffusé dans la case Identités de France 2 cette année. Le public du FIPA (festival international des programmes audiovisuels) a découvert, samedi, à Biarritz, l’histoire de Sofia d’Amina, 11 ans, installée à Marseille depuis plusieurs années avec ses parents, mais sans-papiers… et raciste. «J’aime pas les Arabes, sauf ma famille. Je suis raciste», dit-elle. Tout en citant Victor Hugo et en écrivant au président de la République pour lui expliquer à quel point elle aime la France.
Vous aspiriez depuis longtemps à devenir réalisatrice?
Je n’ai pas vraiment décidé! Ce film s’est fait de manière un peu magique. France 2 a lancé un appel d’offres pour sa nouvelle case «Identités». Mon agent m’a appelée pour savoir si cela m’intéressait d’adapter une nouvelle écrite par Baya Kasmi, qui a signé le scénario. Et notre projet a été retenu!
C’est un film très engagé...
Je suis une fille d’immigrés italiens. Et je constate que depuis trente ou quarante ans, les problèmes liés à l’immigration sont devenus beaucoup plus compliqués. Je n’arrive pas à comprendre qu’on ne soit pas arrivé à intégrer des gens qui font vivre ce pays. L’histoire de cette petite fille qui dit je suis française, qui a un discours extrêmement républicain, mais qu’on veut faire partir m’a énormément touchée.
Elle s’adresse très souvent à Nicolas Sarkozy dans le film. De manière générale, l’actualité politique est très présente dans le scénario…
Le tournage a pourtant eu lieu avant le débat sur l’identité nationale. Je n’ai pas voulu faire des choses réalistes. Il s’agit davantage d’un conte, évidement tourné à Marseille car c’est la ville que je connais. Bien sûr, on peut faire des analogies entre certains personnages du film et, par exemple, les militants de RESF. Mais je n’ai pas non plus voulu appuyer les choses. J’ai raconté les contradictions du monde dans lequel nous vivons, sans donner de leçon de morale à qui que ce soit.
Comment avez-vous appréhendé le rôle de réalisatrice?
J’avais très peur! Je me suis donc entourée d’acteurs que je connaissais, et tout s’est merveilleusement passé. C’est pour cela qu’à la présentation du FIPA, je suis venue avec des chaussures brillantes comme Judy Garland dans Le magicien d’Oz, car c’est vraiment magique!
Le fait de tourner pour la télévision vous intéressait?
Je n’avais jamais travaillé pour le petit écran. Mais, c’est formidable que ce film-là soit diffusé à la télé, car il sera, ainsi vu par beaucoup plus de monde, il va rentrer dans les maisons. J’avais envie de chanter une petite chanson aux gens et j’espère qu’elle leur restera dans la tête!