Pourquoi Facebook n'a pas flambé en Bourse

ECONOMIE Pour son premier jour à Wall Street, l'action Facebook a terminé à l'étale...

Philippe Berry avec Reuters
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Le cours de l'action Facebook lors de son premier jour de cotation, le 18 mai 2012.
Le cours de l'action Facebook lors de son premier jour de cotation, le 18 mai 2012. — PHOTOMONTAGE/20MINUTES/REUTERS

De notre correspondant à Los Angeles

LinkedIn: +109%. Yelp: +65%. Groupon: +33%. Facebook? +0,61%. Pourquoi le titre Facebook a fait pschitt, vendredi, lors de son premier jour de cotation? Eléments de réponse.

 

Le prix d'introduction relevé

Facebook avait d'abord choisi une fourchette comprise entre 28 et 35 dollars. Face à l'engouement, elle a été relevée de 34 à 38 dollars, et Facebook a finalement opté pour la valeur la plus élevée, limitant ainsi le potentiel de hausse.

 

Une action chère comparée aux concurrents

Avec une valorisation de 100 milliards de dollars pour 1 milliard de bénéfices en 2011, Facebook possède un PER (rapport capitalisation / bénéfices) de 100, contre 19 à Google et 14 à Apple. Traduction: l'action Facebook est 5 fois plus «chère» que celle de Google et 7 fois plus que celle d'Apple. Même si les investisseurs misent sur une croissance à long terme d'une société encore jeune, «le marché est en train de valoriser (à 100 milliards, ndr) Facebook comme un actif moins risqué que Google, ce qui selon nous n'est absolument pas le cas», a expliqué Brian Wieser, analyste chez Pivotal Research Group, recommandant de vendre.

 

La bonne opportunité déjà passée

Comme le relève Bloomberg, il s'agissait de facto de la seconde introduction en Bourse pour Facebook. Depuis 2 ans, des titres s'échangeaient sur un marché secondaire, et c'est là que les bonnes affaires ont été réalisées. Certains privilégiés (banques, premiers investisseurs etc) ont pu acquérir des actions à 15 dollars. Ils sont, eux, déjà largement gagnants. Malheureusement, les petits porteurs n'étaient pas invités au festin.

 

Incertitudes sur le business model

On se penchait sur la question en long ici: le business model de Facebook reste fragile. General Motors a claqué la porte, décidant d'arrêter de payer 10 millions de dollars en bannières publicitaires sur Facebook, le taux de clics étant jugé trop faible (8 fois inférieur aux bannières Google). Facebook va devoir diversifier ses sources de revenus sans se mettre à dos les utilisateurs qui assimilent souvent la publicité à de la pollution, surtout quand ils sont d'abord sur Facebook pour dialoguer avec leurs amis et pas à la recherche d'une bonne affaire.

 

Et maintenant?

LinkedIn,Yelp, Groupon ou Zynga ont tous perdu environ 40% dans les six mois qui ont suivi leur entrée en Bourse. Facebook n'ayant pas flambé, la baisse pourrait être plus faible, selon Forbes. Malgré tout, le titre n'est resté dans le vert, vendredi, que grâce au soutien massif des banques ayant piloté l'introduction. Si leurs clients avaient perdu de l'argent, cela aurait fait désordre. Dans les semaines qui vont suivre, l'action Facebook devra faire sans bouée de sauvetage, et surtout avec les requins qui ne pouvaient pas spéculer au premier jour (les ventes à découvert, qui misent sur un titre à la baisse, étaient notamment interdites). Le futur s'annonce mouvementé.