L’étudiant autrichien en guerre contre Facebook ne baisse pas les bras
HIGH TECH Max Schrems, le fondateur du site «Europe versus Facebook» qui dénonce la politique du réseau social en matière de vie privée, appelle les internautes à se tourner vers la Commission européenne...
La guerre contre Facebook n’est pas terminée pour Max Schrems. Cet étudiant autrichien de 24 ans, qui s’était fait connaître l’an dernier pour avoir dénoncé plusieurs entorses au droit européen chez Facebook, est bien décidé à saisir la Commission européenne. Mardi, il a appelé les utilisateurs du réseau social à se tourner vers Bruxelles pour obtenir le respect de la législation européenne sur la protection des données. Il explique la marche à suivre sur son site Internet lancé il y a quelques mois, «Europe vs Facebook» : remplir un formulaire de trois pages mis en ligne par ses soins, puis l’envoyer à la Commission européenne par voie postale ou par courriel.
Dans un premier temps, Max Schrems avait transmis 22 plaintes à la commission irlandaise chargée de la protection des données privées, le siège de Facebook Europe étant installé en Irlande. Cette commission, l’équivalent de la Cnil dans ce pays, avait publié en décembre dernier une liste de recommandations de 52 pages que Facebook était invité à prendre en compte avant le 31 mars 2012. Exemple: ne plus collecter d’informations sur les internautes non inscrits sur le réseau social, ou encore permettre aux utilisateurs d’accéder à toutes leurs données stockées sur les serveurs de Facebook. Sauf qu’à ce jour, le réseau social de Mark Zuckerberg n’a toujours pas levé le petit doigt. «Facebook devait à cette date avoir modifié sa politique de protection des données, mais il ne s'est rien passé», a constaté «Europe vs Facebook». «Il semblerait que l'instance irlandaise se fasse mener en bateau par Facebook», a réagi Max Schrems. Il reproche à cette autorité de ne pas «faire respecter le droit d’accès à toutes ses données dans un délai imparti et de ne prononcer aucune sanction effective». D’où sa volonté de se tourner à présent vers la Commission européenne.
«Facebook fait croire qu’on peut supprimer ce qu’on met sur le réseau social, et en fait non»
De son côté, la commission irlandaise chargée de la protection des données privées a assuré à APA, une agence de presse autrichienne, que «des progrès substantiels ont été réalisés» par le réseau social. Elle attend la mise en place de ses recommandations pour le mois de juillet. Par ailleurs, le réseau social a fait savoir: «Facebook assure de sa collaboration pour progresser sur l'ensemble des engagements pris lors de l'audit réalisé par l'autorité irlandaise à la protection des données. Avec l'administration du bureau des commissaires à la protection des données de l'autorité, en charge de superviser le travail que nous effectuons, nous avons mis en place un lien d'échange d'informations sur nos avancées. Nous lui avons récemment signalé la mise en place d'un certain nombres de ses recommandations, avant même les échéances prévues et nous envisageons de répondre à l'ensemble des demandes formulées du premier trimestre dans les prochaines semaines.»
Max Schrems droit a lancé sa première offensive contre Facebook l’été dernier, après avoir pris connaissance des informations que le réseau social conservait réellement sur lui et examiné de près ses conditions d’utilisation. «J’ai eu envie de savoir ce que Facebook conservait concrètement comme données sur moi. J’ai fait une demande pour recevoir un CD avec tout ça [via un formulaire qui a désormais disparu du réseau social et en brandissant cette directive européenne qui lui en donne le droit]. La chose la plus intéressante est la taille du fichier PDF: plus de 1.220 pages. Alors que la plupart des choses qui s’y trouvaient, je les avais supprimées du réseau social. Facebook vous fait croire qu’on peut paramétrer, supprimer, contrôler ce qu’on met sur le réseau social, et en fait non», avait raconté Max Schrems à 20 Minutes en octobre dernier.