Les dossiers égarés du tribunal
Une « source proche de l'enquête » a annoncé hier au bureau grenoblois de l'Agence France Presse que trois dossiers d'instruction concernant des enfants agressés ou assassinés dans les années 1980 près de Grenoble « ont été retrouvés dans les archives du tribunal de grande instance de Grenoble ». Selon cette source, les dossiers avaient été perdus à la suite d'« un changement de numérotation lié à l'arrivée d'un nouveau juge d'instruction ». L'un des dossiers est celui de Ludovic Janvier, le deuxième celui de Grégory Dubrulle. Un troisième concerne un enfant non identifié retrouvé dans le Vercors en 1985.
Des ossements sous scellés
qui restent introuvables
Les restes de cet enfant, des ossements, auraient été « négligemment » placés sous scellés en 1986 à l'ancien palais de justice de Grenoble, au lieu d'être légalement inhumés sous X. Ils sont aujourd'hui activement recherchés dans les sous-sols surchargés du palais. S'ils étaient retrouvés, ils pourraient être soumis à des tests ADN – qui n'existaient pas à l'époque – afin de vérifier s'ils correspondent à l'un des enfants disparus. Hier, le parquet de Grenoble n'a pas donné suite à nos demandes de confirmation, mais l'enquête pourrait être relancée par la découverte de ces dossiers. L'avocat d'une partie des familles des neuf enfants concernés, Didier Seban, confiait hier son « espoir » de voir enfin l'enquête « avancer ». La cellule spéciale de gendarmerie Mineurs 38, créée en 2008, n'était arrivée jusqu'ici à aucun résultat ; les familles des enfants avaient de longue date rendez-vous ce jeudi avec la justice grenobloise, qui s'apprêtait vraisemblablement à leur annoncer la fin des travaux de la cellule…
Férouze Bendouiou, sœur de la petite Charazed disparue en 1987 à Bourgoin-Jallieu, se dit « satisfaite » de savoir ces dossiers retrouvés. « Mais je ne saute pas de joie, poursuit-elle. Il nous est de plus en plus difficile de faire confiance à la justice. Qu'est ce qu'on va encore découvrir ? » Elle viendra jeudi à Grenoble avec une exigence : « Qu'on mette tout à plat, qu'on nous dise en face ce qui manque, ce qui a été détruit ou perdu… Je suis extrêmement choquée qu'il nous ait fallu saisir les médias et un ministre pour qu'on se mette enfin à chercher ! »
La ministre de la Justice a ouvert en mai dernier une enquête administrative à la suite d'un article dénonçant des « destructions de corps », démenties depuis. Le grand désordre dans les archives du tribunal est pour sa part avéré.