La percée des soins dentaires "low cost" en France
Plus besoin désormais d'aller à l'étranger pour se faire soigner les dents à moindre coût : de nouveaux cabinets "low cost" s'implantent en France, comme à Lyon, où ils sont perçus avec méfiance par la profession.
Un Français sur cinq (19%) a réduit ces derniers temps ses dépenses de santé, faute de moyens, et parmi eux, 42% ont renoncé à des soins dentaires, selon un récent sondage pour Santé Magazine.
Ces soins sont remboursés à hauteur de 70% par la Sécurité sociale lorsqu'il s'agit de caries ou d'une extraction, mais sont très mal pris en charge en cas de pose de prothèses ou d'orthodontie, en honoraires libres.
Traditionnellement, les écoles dentaires étaient la solution pour se faire soigner les dents à moindre coût en France. Mais, les centres dentaires "low-cost" qui se multiplient, comme Dentexia à Lyon, offrent une ambiance plus feutrée.
Ce cabinet, qui a ouvert début janvier dans le bourgeois 6e arrondissement lyonnais, attire une clientèle nombreuse avec pour slogan : "Mettre la santé bucco-dentaire à la portée de tous", avec des prix "près de trois fois inférieurs à ceux couramment constatés".
Sa méthode, déjà appliquée en Ile-de-France, sous la houlette du consultant Pascal Steichen, consiste à salarier les dentistes, à les concentrer sur les soins grâce à l'emploi en nombre d'assistantes, et à "rationaliser les actes", en regroupant notamment en un seul rendez-vous ce qui pourrait être fait lors de plusieurs dates.
Ce centre affiche un forfait "tout compris" à 970 euros pour la pose d'un implant, contre 2.370 euros en moyenne en Rhône-Alpes, selon ses calculs. Sans sacrifier la qualité, et avec des fournisseurs certifiés, affirme Dentexia.
Cette politique "low cost" suscite une levée de boucliers dans la profession. "Ces cabinets se concentrent sur les prothèses et implants, où se fait la marge, et abandonnent les soins de base, posant un problème de santé publique", avertit Roland L'Herron, président de la Confédération nationale des syndicats dentaires.
Se remettre entre les mains d'un apprenti dentiste reste une alternative, comme au service dentaire des Hospices civils de Lyon, l'hôpital public lyonnais, plus connu sous le nom d'"école dentaire".
Mohamed Hasseine, 84 ans, y explique que sa couronne remplaçant toute sa dentition a 30 ans d'âge. "J'ai fait faire des devis pour la remplacer : à l'extérieur j'en ai pour 800 euros pour le bas, 800 euros pour le haut, ici c'est 800 euros au total", se félicite le vieil homme.
Dans ce service, 250 étudiants, à partir de leur 4e année, s'exercent sur de réels patients, sous le contrôle d'une soixantaine d'enseignants.
"On montre à notre superviseur chaque étape importante, il signe à la fin dossier et ordonnance", explique Sophie, qui travaillera bientôt en cabinet privé.
Sur les 95.000 visites que le service enregistre annuellement, la moitié sont des bénéficiaires de la couverture maladie universelle (CMU), une proportion en augmentation.